Au Canada, ce petit signe discret permet de repérer une victime de violences conjugales

Publié le Lundi 27 Avril 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Un geste de la main pour prévenir les violences.
Un geste de la main pour prévenir les violences.
Comment prévenir et lutter contre les violences conjugales, en augmentation durant cette période de confinement, sans risquer d'alerter le conjoint et agresseur ? Le Canada nous répond avec une idée ingénieuse.
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"Avant même l'apparition du Covid-19, la violence domestique était déjà l'une des plus grandes violations des droits humains. Désormais, il est temps de briser le silence". Prononcées aux prémices du mois par Phumzile Mlambo-Ngcuka, la directrice exécutive de l'agence de l'Organisation des Nations unies ONU Femmes, ces puissantes paroles sont toujours d'actualité. Oui, les violences faites aux femmes, et notamment les violences conjugales, constituent une véritable "pandémie fantôme".

Mais face à ce fléau, comment agir alors que l'heure est au "restez chez vous" et que les sorties se font rares ? De bien des manières. En employant une application comme App-Elles par exemple. Discrètement intégrée au smartphone (on peut même la masquer), elle propose un dispositif d'alerte transmettant votre position GPS à trois "contacts de confiance" - tout en enregistrant votre environnement sonore en temps réel.

En France, l'on peut également se rendre en pharmacies pour alerter. Et à Varsovie, une brillante étudiante a carrément lancé une fausse boutique en ligne de cosmétiques (mais vraie plateforme d'aide) invitant les victimes et témoins à venir échanger - autorités et/ou taxis commandés sur place sont ainsi prévenus.

Et du côté du Canada, l'on ne manque pas d'idées non plus. C'est une judicieuse trouvaille que relaie ainsi la Fondation canadienne des Femmes : effectuer, lors d'un appel vidéo, un banal geste de la main afin d'alerter autrui sur les dangers encourus. Derrière ce langage codé, un appel à l'aide aisément identifiable.

Un appel à l'aide

Un simple signe de la main suffit pour alerter.
Un simple signe de la main suffit pour alerter.

Illustré ci-dessus, le geste est simple : le pouce est d'abord replié sur la paume de la main (affichée face à l'objectif de la webcam), puis caché dans la main, les doigts repliés sur lui. Si vous voyez quelqu'un faire ce signe d'appel à l'aide, n'attendez pas et "informez-vous auprès de la personne de façon sécuritaire", prévient la Fondation. Faites en sorte de savoir si la personne concernée "a besoin de quelque chose" ou nécessite de l'aide, en lui posant de courtes questions. Comme "Dois-je chercher des services qui pourraient vous aider ?" ou "Voulez-vous que j'appelle le 911 ?". Ainsi, un simple hochement de tête suffira à dire "oui" ou "non".

L'idéal pour alerter et venir en aide sans prévenir le conjoint et agresseur. Rappelons-le cependant, d'autres "astuces" sont tout aussi recommandées en cette exceptionnelle période d'isolement. Les services de messagerie instantanée (ou "tchat") intégrés aux très nombreux jeux sur mobile et ordinateur permettent tout aussi bien d'échanger : c'est rapide, anonyme, gratuit. Même un dispositif comme Netflix Party en possède un. Et puis, pour n'éveiller aucun soupçon, il est aussi conseillé de s'en remettre aux SMS d'urgence, de ceux l'on peut envoyer au 114 par exemple. Un numéro gratuit adapté aux personnes sourdes et malentendantes.

De même, la Fondation canadienne des Femmes propose également aux internautes de communiquer avec la personne concernée sur les réseaux sociaux, par courriels, en échangeant sur Whatsapp. Et de privilégier les formulations (en apparence) banales : "Comment allez-vous ?", "Prenez contact avec moi quand vous aurez un moment", "Vous voulez que je vous contacte régulièrement ?", "Comment puis-je vous soutenir autrement ?"...

Autant "d'appels à l'aide" qui peuvent sembler anecdotiques mais qui, parfois, sont une question de vie ou de mort. A l'adresse des lectrices canadiennes anonymes, la plateforme recommande encore le recours au site Hébergement Femmes (afin de s'informer quant à la localisation des refuges pour victimes de violences à proximité de chez soi) et bien sûr, d'appeler le 911 en cas d'urgence.

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit. - En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.

- S'il s'agit d'un danger qui réclame une aide immédiate, vous devez appeler les services d'urgence en composant le 911.