Un boxeur explique comment "mettre sa femme KO" en plein confinement

Publié le Lundi 30 Mars 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Un boxeur explique "comment frapper sa femme" en plein confinement
Un boxeur explique "comment frapper sa femme" en plein confinement
Le Britannique Billy Joe Saunders, champion du monde de boxe poids moyen, a dû présenter ses excuses après avoir publié une vidéo qui explique comment "mettre sa femme KO" si elle "vient vous cracher son venin" pendant le confinement.
À lire aussi

Depuis le début du confinement, le bilan des violences conjugales est désastreux. "Nous avons constaté une hausse de 32% d'interventions sur lesquelles nos services sont sollicités en zone de gendarmerie, et 36% à Paris", déclarait Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, le 26 mars, soit dix jours après la mise en place des mesures de sécurité pour faire face à l'épidémie de Covid-19. Des indicateurs qui "tendent à nous faire penser qu'il y aurait une recrudescence des violences conjugales pendant cette période de confinement", a ajouté à son tour Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes, au micro d'Europe 1.

Les femmes victimes de violences conjugales sont coincées avec leur agresseur, et n'ont aucune échappatoire réelle, le contact avec l'extérieur étant extrêmement restreint. La situation est alarmante et dépasse les frontières. Malheureusement, cela n'a pas empêché le champion du monde poids moyen Billy Joe Saunders de tourner le fléau en dérision.

Comment "la mettre KO"

Sur son compte Instagram suivi par 398 000 abonné·e·s, le Britannique a ainsi jugé bon de publier un "tuto" glaçant, dans lequel il explique "comment frapper sa femme". Sur les premières images, rien d'anormal. Le Britannique semble donner des conseils comme il le fait souvent, sur la façon de se tenir ou de balancer un uppercut pour terrasser son adversaire sur le ring, lors d'un match. Sauf que rapidement, ça dérape. Dans la bouche de Billy Joe Saunders, plus question de compétition. Ses recommandations visent un autre terrain : le confinement. Ou plutôt - et ce sont ses mots - comment réagir "quand votre bonne femme vient vers vous pour vous cracher son venin à la gueule". Sur un punchbag, il décrit les gestes à adopter pour "la frapper au menton" et "la mettre KO".

La vidéo a depuis été ôtée des réseaux sociaux, et le boxeur obligé de présenter des excuses publiques. "Je ne tolérerais jamais la violence domestique et si je voyais un homme toucher une femme, je le mettrais en pièces moi-même", a-t-il tweeté avant de supprimer son compte. "Je suis désolé si j'ai offensé des femmes".

En France, des points d'accueil dans les supermarchés

Afin de permettre aux victimes de violences domestiques de trouver de l'aide, les pharmacies françaises ont mis au point un dispositif pour leur permettre de donner l'alerte discrètement. Les femmes n'ont qu'à prononcer le terme "Masque 19" pour que le professionnel de santé contacte les forces de l'ordre. Marlène Schiappa a également annoncé l'installation de centres d'accompagnement éphémères, dans les centres commerciaux Unibail, à l'entrée des hypermarchés, ainsi que le déblocage d'un million d'euros pour les associations de terrain.

Au Parisien, la secrétaire d'Etat déplorait l'activité en baisse du 3919, le numéro d'écoute dédié : "Ça veut dire qu'il est difficile de téléphoner quand vous êtes enfermée avec l'agresseur". Le 26 mars, et depuis le 1er janvier 2020, 20 femmes étaient décédées sous les coups de leur conjoint ou ex, d'après le collectif Nous Toutes.

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.

- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.