Prothèses PIP : 250 femmes portent plainte en Angleterre

Publié le Jeudi 22 Décembre 2011
Le scandale des prothèses mammaires défectueuses touche désormais le Royaume-Uni, où plus de 40 000 femmes seraient porteuses d’implants PIP. 250 patientes ont porté plainte contre les cliniques qui les avaient opérées, mais les autorités sanitaires britanniques semblent moins préoccupées que leurs homologues français.
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Ce n’est peut-être que le début d’un scandale à effet domino sans précédent, parmi des milliers de femmes, de la Suisse à Buenos Aires. L’affaire des prothèses mammaires défectueuses PIP est en train de rebondir au Royaume-Uni, où les informations sur les cas de cancers suspects détectés en France ont circulé. Dans le pays, 250 plaintes ont été déposées contre six cliniques : « Nous aurions préféré poursuivre directement la société française PIP qui fabriquait ces prothèses, mais cette entreprise est en liquidation judiciaire, et selon nos informations elle n'était pas correctement assurée », a expliqué à l’AFP l’avocate Estyll Hughes. Sur les 250 plaignantes, « plus de la moitié auraient eu des ruptures de prothèses », selon l’avocate, tandis que les autres sont manifestement inquiètes des informations qui circulent.

La société PIP, basée dans le Var, a vendu 100 000 prothèses par an depuis 1991, dont 80% à l’étranger. Sur les 80 000 à 100 000 femmes qui portent des prothèses mammaires au Royaume-Uni, la moitié a des implants PIP, selon la MHRA, l'Agence de contrôle des produits médicaux et des médicaments. « Nous avons été inondés de demandes d'informations aujourd'hui (mercredi) et nous nous attendons à ce que l'intérêt grandisse », a précisé Me Hughes, estimant que la procédure judiciaire devrait débuter l'an prochain à Cardiff (Pays de Galles).

Alors que le gouvernement français prend l’affaire des prothèses PIP très au sérieux, et s’apprête à annoncer une série de mesures pour permettre à toutes les porteuses d’implants de cette marque de se les faire retirer, la MHRA britannique a rappelé mercredi qu’il n’existait pas de preuve d’un lien entre les prothèses et l’apparition des cancers. Selon l’agence, pour l’instant il n’y aurait pas de justification suffisante pour qu’on demande aux femmes concernées au Royaume-Uni de se faire retirer ces implants.

La marque PIP a diffusé ses produits défectueux, des prothèses mammaires bon marché où le gel de silicone médical a été remplacé par un gel industriel toxique, auprès de chirurgiens, hôpitaux et cliniques dans plus de 65 pays. Les plus gros clients étant les pays latino-américains (Venezuela, Brésil, Colombie, Argentine), qui représentent plus de 58% des ventes à l'exportation en 2007 (50% en 2009). Au printemps 2010, lors de l'alerte de l'Agence française du médicament contre le processus de fabrication non conforme, l'organisme de Santé publique du Chili avait ordonné le retrait des prothèses PIP de son marché.
L'autre grande région d’exportation était l’Europe de l'Ouest (Grande-Bretagne, Espagne, Suède, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Suisse).

L'entreprise PIP soupçonnée d'avoir cherché à réduire les coûts de revient du gel, avait été mise sous liquidation judiciaire par le tribunal de Toulon, et ses dirigeants restent introuvables depuis. L’un d’eux, le fondateur Jean-Claude Mas, avait pourtant subi une garde à vue en 2010, lorsque les barils de gel industriel ont été découverts chez PIP, mais il n’a jamais été mis en examen. D’après une information Europe 1, le PDG de Poly Implant Prothèses n’avait pas vraiment le profil du professionnel de santé. Charcutier d’origine, il est parvenu à se hisser à la troisième place mondiale dans le secteur des implants mammaires, une réussite due sans aucun doute, à son escroquerie.

(Avec AFP)
Crédit photo : AFP

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