Les toiles enchantées ou quand le cinéma s'invite à l'hôpital

Publié le Vendredi 19 Juin 2009
Les toiles enchantées ou quand le cinéma s'invite à l'hôpital
Les toiles enchantées ou quand le cinéma s'invite à l'hôpital
Dans cette photo : Philippe de Broca

Les enfants hospitalisés ne peuvent pas aller au cinéma, alors c'est le cinéma qui va venir à eux. Voilà l'objectif magique de l'association "Les Toiles enchantées".

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Apporter le cinéma à l'hôpital : « Les êtres naissent libres et égaux en droit », dit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Gisèle Tsobanian, elle, n’y croit pas vraiment. La souffrance des enfants la préoccupe depuis toujours. Mais c’est à la suite d’un concours de circonstances qu’elle va créer Les toiles enchantées, une association qui apporte le cinéma aux enfants malades.


A l'origine du projet, Gisèle Tsobanian


Tout a commencé avec Un Indien dans la Ville. Gisèle était assistante de production sur le tournage. Alors que le film cartonne dans les salles, elle est maman pour la première fois. « Mon premier fils est né, le film était un succès. « C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’aller montrer Un Indien dans la Ville dans des hôpitaux. », confie la créatrice de l'association. Après avoir collecté des fonds, trois projections ont lieu en 1995.


« C’était magique ! Il y a eu un véritable emballement général ! », explique Gisèle. « Les trois établissements où avaient eu lieu les projections m’ont envoyés des courriers. Dans l’un, j’ai lu la phrase suivante : « le cinéma a fait son entrée à l’hôpital ». C’était tout à fait ça ! »
Mais la meilleure illustration de l’utilité de ce projet, Gisèle s’en rappelle comme si c’était hier. « Dans un des établissements, il manquait une demi-heure avant que le film ne débute. Un petit garçon se sentait mal. Alors on a décidé d’avancer la projection, pour qu’il voit les premières images du film, avant qu’on le remonte dans sa chambre. A la fin de la séance, quand la lumière s’est rallumée, le petit garçon était toujours là. On n’a pas eu besoin d’autres preuves ! »


Les toiles enchantées sont donc nées ainsi. Après avoir obtenu l’accord du CNC, il a fallu trouver un partenaire technique. Les Pièces Jaunes ont aidés à financer l’association au début. « J’ai arrêté mon travail à la production », se souviens Gisèle. « J’étais convaincue et déterminée. » En décembre 1997, les toiles enchantées font leur première tournée, dans 9 hôpitaux à Paris et en province. « Le matériel était très lourd ! Maintenant, on arrive à l’installer en 1h environ », précise Gisèle. Le film choisi pour la tournée était Le Bossu, de Philippe de Broca. Le réalisateur est d’ailleurs venu à deux projections et a montré aux enfants la fameuse botte de Nevers…

Démocratiser le cinéma


Dix ans plus tard, les Toiles Enchantées touchent 90 établissements, à raison d’une projection par mois. Ce sont plus de 10 000 enfants et adolescents par an qui peuvent assister à une projection, grâce à l’association.
« Je peux dire que nous démocratisons le cinéma », explique Gisèle. En effet, les séances sont gratuites. Des projections ont lieu dans des hôpitaux de province, et pas seulement dans les grandes villes. « Si on n’y va pas, les enfants ne vont pas au cinéma ! Il y a des enfants que  l’on connaît depuis 10 ans, ils ont découvert le cinéma avec les Toiles Enchantées. Maintenant, ce sont eux qui viennent nous demander les films qu’ils veulent voir. Ils sont devenus cinéphiles ! »

Les films montrés sont ceux qui sont dans les salles au même moment. Cela montre aux enfants qu’ils ne sont pas exclus de la société, qu’ils peuvent vivre la même chose que les autres. « Parfois même, ils voient les films avant leurs camarades : ils en sont très fiers ! Cette année, ils ont vu Les Chtits, Horton, Iron Man et Indiana Jones. » Toujours dans cet objectif de démocratisation, l’association est allée au Festival de Cannes cette année. Les Toiles Enchantées ont prolongé le festival dans les hôpitaux de Nice et Mangin. « Avec l’accord du PDG de Paramount, on a pu montrer Kung Fu Panda, le dessin animé qui était an avant-première à Cannes. »

Une association humaine


Il existe un vrai lien entre les éducateurs, les enfants, les directeurs des établissements et l’association. Gisèle nous raconte une journée typique pour les Toiles Enchantées. « Le matin, on arrive tôt, et on décharge le matériel. On fait une pause café-croissant. Puis on installe les projecteurs. On déjeune avec les enfants, parfois avec les directeurs d’établissements. Le film est projeté. Ensuite, on a un petit goûter avec les enfants. » Il arrive que l’association offre des surprises inoubliables aux enfants : « Parfois, des comédiens viennent discuter avec les enfants après la projection. On a eu la chance d’accueillir Alain Chabat, qui est le président des Toiles Enchantées, mais aussi Jamel, les Robins des bois, Mickael Youn, Isabelle Nanty et bien d’autres. » Les enfants peuvent alors voir la magie du cinéma au-delà de l’écran. Et c’est extraordinaire pour eux.
L’entente est très bonne entre les membres de l’association. « Nous sommes tous amis. Les Toiles Enchantées débordent sur notre vie privée… », confie notre femme engagée. Ce côté humain est vraiment caractéristique de l’association, que Gisèle conçoit comme « une aventure humaine dans laquelle on ne doit jamais oublier pourquoi on existe. »


Les nouveaux projets


Depuis l’année dernière, l’association a créé des ateliers de cinéma, dans lesquels les enfants peuvent apprendre à écrire un scénario, manier une caméra, etc. Niels Tavernier en a animé un sur l’écriture. Il a fait tourner un clip. Les enfants ont chanté et dansé avec leurs fauteuils. Gisèle admet que ce sont « des expériences très fortes à chaque fois ». Les enfants sont considérés comme des êtres humains et en oublient leur handicap.


Comment la soutenir ?


Sachant qu’une projection coûte en moyenne 1000 €, imaginez le budget dont a besoin l’association. De nombreuses institutions financent les Toiles Enchantées : Canal plus, le CNC, la Mairie de Paris, des banques, et bien d’autres. C’est ainsi que l’association se finance. « On préfère ne pas solliciter les particuliers. On leur demande bien assez », précise Gisèle. Selon sa fondatrice, l’association est telle un train : « nous sommes comme un train qui avance doucement dans le temps. Tout au long du voyage, des êtres humains entrent dans le train. J’espère que le voyage va continuer. »


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