Convivial, c’est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsqu’on pénètre dans le Bric à Brac du 104 à Paris, ouvert par l’association Emmaüs défi. A première vue, on croirait un vide-grenier ordinaire, alors qu’en fait c’est avant tout un espace solidaire. Entre les meubles et les vêtements, on tend la main à ceux qui veulent s’en sortir.
Le bric à brac n’est pas ce qu’on pourrait appeler une boutique classique. Toutes les choses que vous trouvez dans ce lieu ont déjà eu une vie et pour cause, ce sont des dons de particuliers ou d’entreprises. Collectés, triés, ils sont vendus à des prix très bas, à des personnes modestes mais pas seulement. Le premier magasin de ce genre a ouvert ses portes en 2007 dans un local mis à disposition par la ville de Paris. Et il y a quelques jours était inauguré un nouvel espace dans la capitale. Pour connaitre la spécificité de cet endroit, « posez quelques questions aux nombreuses personnes qui s’affairent autour de vous », me souffle Anne-Marie Tholi, chargée des relations Entreprise chez Emmaüs Défi. Au 104, comme Boulevard Jourdan, il y a des bénévoles bien sûr, mais en grande majorité des salariés.
Décembre 2006, Les Enfants de Don Quichotte installent 100 tentes sur le Canal Saint-Martin à Paris pour dénoncer la situation des mal-logés. « L’idée d’Emmaüs défi est partie de cette crise majeure », nous explique Anne-Marie Tholi. Charles Edouard Vincent (président d’Emmaüs-défi), alors bénévole chez Emmaüs, réalise que pour lutter durablement contre les phénomènes de grande exclusion, il faut associer à la problématique du logement, celle du travail. Ainsi, Emmaüs-défi est créée en janvier 2007 avec un objectif précis : donner un travail à chacun.
Pour relever ce défi, l’association décide de ne faire travailler que des personnes en grande difficultés. Elle offre un emploi salarié à ceux qui en sont le plus loin, dans le cadre d’un parcours d’insertion sur 2 ans et au sein-même de la structure Emmaüs-défi. « Seule la volonté de travailler compte, nous n’avons pas de pré-requis », ajoute Anne-Marie Tholie.
Les salariés en insertion assurent les collectes en support des groupes Emmaüs de la région Ile-de-France, trient et vendent dans les espaces dédiés. Mais qui sont ces personnes qui veulent se réinsérer ? « Il n’y a pas de profil particulier, les travailleurs en insertion ont entre 22 et 62 ans », nous répond Anne-Marie Tholie. On s’en doutait à vrai dire, la précarité ne fait pas de préférence, elle touche tout le monde. La particularité d’Emmaüs défi est d’être à l’écoute des salariés. « On propose du travail à l’heure. Pour certaines personnes, c’est déjà un pas énorme », déclare notre interlocutrice. Afin d’éviter qu’une fois leur journée de travail terminée, certains se retrouvent à la rue, l’association est en relation quasi-permanente avec les centres d’hébergement d’urgence, les travailleurs sociaux…
Néanmoins ici, personne ne fait grise mine. Sérieux, organisation et bonne humeur se dégagent du bric à brac le plus « tendance » du quartier, où salariés et bénévoles se côtoient avec familiarité au quotidien. Juliette chargée de l’accueil au 104 et ancienne chez Emmaüs défi résume bien l’âme du lieu : « Je me plais ici, je fais des rencontre, des liens se créent », sourit-elle.
ALLER PLUS LOIN :
Encore plus d'associations à soutenir, ils ont besoin de vous !