Une Journée pour « penser l'adoption autrement »

Publié le Lundi 19 Mars 2012
Une Journée pour « penser l'adoption autrement »
Une Journée pour « penser l'adoption autrement »
L'association LILIT (Liens Liberté Transmission) lance à Paris le 19 mars la Journée de l’adoption, un évènement inédit en France qui sera rythmé par un colloque et une rencontre artistique. Engager une réflexion à la fois philosophique, anthropologique, historique, juridique et scientifique sur l'adoption, telle est l’ambition de Yaël Halberthal et de Coco Tassel, cofondatrices de l'association. Mme Halberthal revient sur la création de cette première édition.
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Terrafemina : Quelles attentes placez-vous dans cette Journée de l’adoption, inédite en France ?

Yaël Halberthal : Il s'agit d’ouvrir un débat pour penser l'adoption autrement, loin de l'image plutôt négative que véhiculent la plupart des institutions et des médias, en se focalisant sur les échecs de l’adoption, à travers des faits divers ou des évènements de plus grande ampleur comme Haïti. Les échecs peuvent bien évidemment se produire, mais ils ne résument pas la réalité de l’adoption. Il me semble que cette vision souvent univoque contribue plutôt à fragiliser enfants adoptés et parents adoptifs. Si on arrive à initier un autre regard sur l’adoption et à engager une réflexion, on aura fait un grand pas.

Tf. : Comment redéfinir l’horizon des possibles sur l’adoption ?

Y.H. : L’adoption pose des questions fondamentales à la société, à ses choix, son organisation, tel le rapport à l’origine, le rapport à l’altérité, dans un contexte où plus que jamais multiculturalisme et bioéthique font débat. Un colloque intitulé « La liberté de nos origines » va réunir plusieurs experts issus de disciplines que l’on entend généralement peu sur la question, comme l’anthropologie, la philosophie ou la littérature. Nous voulons susciter un débat susceptible d’apporter d’autres clés de lecture. Dans une société focalisée sur le présent, il me semble par exemple important de ne pas réduire la vie d’un enfant adopté au seul moment de l’adoption, quand il dispose de toute sa vie pour se construire.

Tf. : Vous souhaitez interroger la place donnée au biologique ?

Y.H. : En effet, la sacralisation du biologique se retrouve dans plusieurs décisions de jurisprudence. J’ai en tête le cas d’un enfant abandonné à la naissance par sa mère qui avait accouché sous X, mais dont les grands-parents ont quand même obtenu la garde, en vertu de la prééminence de la vérité biologique. Cette décision renvoie à la question de l’origine et de sa définition.

Tf. : L’un des temps forts de la Journée de l’adoption, c’est cette soirée artistique avec la projection de films, des lectures, des extraits de spectacle…

Y.H. : Oui, c’est une autre façon de déplacer le débat, de le prolonger sous une forme que l’on souhaite joyeuse, dynamique et créative. L’art permet de penser les choses et d’explorer d’autres champs à travers des expériences et des points de vue différents.

Tf. : Aborderez-vous lors cette Journée des thèmes d’actualité plus polémiques et politiques comme l’adoption pour les couples homosexuels ?

Y.H. : Le colloque ne traitera pas directement ces sujets, mais ils seront nécessairement évoqués, notamment par les interventions du public. Il est certain que le phénomène de l’adoption questionne le rapport à la norme, la représentation de la parentalité idéale, et les nouveaux modes de filiation.

Plus d’informations sur le site officiel je la Journée de l'adoption.

Elodie Vergelati

Crédit photo : Image Source

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