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#BoycottTheBefore : la campagne body positive à contre-courant d'Instagram
Publié le 10 mars 2017 à 14:54
Par Louise Col
Sur Instagram, nombre de jeunes femmes souffrant de troubles alimentaires utilisent le concept de la photo avant/après pour documenter leur guérison. Un phénomène qu'une activiste body positive appelle aujourd'hui à boycotter, alléguant qu'un corps en apparence en meilleure santé ne reflète pas nécessairement un esprit apaisé.
Boycott The Before, le mouvement body positive qui buzze sur Instagram Boycott The Before, le mouvement body positive qui buzze sur Instagram© Lexie Louise
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En apparence, les photos avant/après ont quelque chose de motivant. Popularisés par les reines du fitness comme Kayla Itsines et Sonia Tlev, ces montages sont plus ou moins identiques. Sur la première photo, une jeune femme apparaît avant d'avoir commencé son régime et son nouveau programme sportif. Elle est parfois "rondouillette", ou en tout cas peu musclée. La deuxième photo met en avant sa transformation. Adieu poignée d'amour et fessier raplapla, bonjour corps ultra tonique. Ce concept a de quoi retourner complètement notre cerveau. Car en nous vendant des silhouettes amincies et musclées en un rien de temps, les adeptes de la fitspo nous renvoient directement à notre propre corps, qui lui, est généralement loin d'être parfait. Sur Instagram, les activistes body positive sont de plus en plus nombreuses à s'élever contre cet art de la mise en scène, démontrant qu'il suffit de la bonne pose ou de la bonne lumière pour afficher un corps aminci.

Mais si le concept des photos avant/après se cantonnait il y a encore quelques temps au petit monde du fitness, des jeunes femmes souffrant de troubles alimentaires l'ont peu à peu repris à leur compte pour documenter leur guérison. Pour ces Instagrammeuses, s'adonner à ces montages est une façon saine d'accepter enfin leurs corps. Surtout, en partageant ces clichés sur Instagram, elles ont l'impression de faire partie d'une communauté et donc, d'être soutenues. Mais en détournant le concept des photos avant/après, ces jeunes femmes se font-elles réellement du bien ? Lexie Louise, une activiste body positive de 22 ans n'en est pas si sûre. C'est pour cela qu'il y a quelques semaines, elle a lancé la campagne #BoycottTheBefore sur Instagram.

Dans un post daté du 17 février, elle explique pourquoi ces montages peuvent être finalement plus malsains qu'ils n'en ont l'air : "Quand on commencent à peine à voir le bout de la maladie, on peut être tenté de comparer sa taille et son poids à ceux des autres. On peut même se demander : 'Est-ce que je suis assez malade pour demander de l'aide ? Parce que la personne en photo a l'air d'avoir besoin plus d'aide que moi'.

Ces photos montrent uniquement une croissance physique. Croire que les personnes qui souffrent de troubles alimentaires sont forcément en sous poids est encore une idée fausse très répandue. Cela renforce l'idée que l'on peut voir qui est malade. La vérité, c'est que nous ne disons pas toute la vérité quand nous partageons ces photos. Il y a des personnes qui sont en voie de guérison qui ne se sentent pas à l'aise à l'idée de partager des photos comme ça. Et puis il y a des gens en voie de guérison qui ne se retrouvent pas dans ces changements physiques impressionnants".

#BoycottTheBefore I have an article that will be published on the sister website of @neda soon that discusses this in more detail. I'll share it when it's posted but wanted to share some now. ((I don't intend to shame anyone who has shared their recovery photos. I'd like to offer different perspectives because it's important to open the conversation rather than assume everyone is on board. I hope those who disagree can speak kindly and non-judgmentally in return.)) For those in early recovery especially, our eating disorders can tempt us to compare numbers or sizes, or even make us question, "Am I sick enough to receive help? Because that person seems to need it more than me". That can be very harmful when it comes to this. These photos also solely show physical growth. It is a huge misconception still that those who have eating disorders must be physically underweight to be considered struggling. It reinforces a misconception that you can see who is struggling. The truth is: we aren't telling the whole story through these photos, even with our captions. There are people in recovery who don't feel comfortable sharing their photos at all. And there are also people in recovery who simply cannot relate to having any shocking physical changes. Overall, though those of us who can share these photos are praised for sharing them and may be creating short term change, we are feeding into the misconceptions of eating disorders and sadly not making room to create real, long term change. So let's fight back. I encourage you to responsibly share your recovery story this NEDA awareness week if you feel comfortable doing so. I also encourage you to factor in other people those in recovery and those whom we are trying to educate. And I encourage you to use the photo pictured on the left as your "before" photo if you want to support this project. We are so much more than comparison photos. We are strong, resilient warriors and we will go against the grain and continue to fight to be seen and heard even if that means not receiving instant validation. Like recovery, change takes time; it is a journey but it is possible.

Une publication partage par Lexie (@soworthsaving) le

Le mouvement est en marche

Avec sa campagne #BoycottTheBefore, Lexie Louise souhaite démontrer que les troubles alimentaires ne touchent pas seulement au physique, ils s'insinuent aussi dans la tête des personnes malades. Mais en misant sur "des changements physiques impressionnants", les photos avant/après laissent de côté celles et ceux dont la souffrance est invisible à l'oeil nu. Qui plus est – comme chez les accros du fitness – ces montages appellent à une sorte de validation de la part des autres et mettent en place une compétition. "Votre maladie est bien là même, que votre corps en soit le témoin ou pas. Moi-même étant en voie de guérison, je comprends pourquoi nous postons ces photos. Nous les postons pour nous souvenir que nous ne voulons plus être malades. Nous les postons pour que les autres voient la torture mentale contre laquelle nous luttons à l'intérieur. Mais le fait est que nous n'avons rien à prouver. (...) Nos maladies sont réelles. Nous n'avons pas besoin de le prouver à qui que ce soit", écrivait-elle déjà en décembre.

Depuis le lancement du mouvement #BoycottTheBefore, plus de 1 000 photos ont été partagées sur Instagram et de nombreuses jeunes femmes ont remercié Lexie Louise pour son initiative. Le mannequin Iskra Lawrence, qui avait déjà parlé publiquement de son combat contre les troubles alimentaires, a également participé au projet. Sur son compte Instagram, la jolie blonde a expliqué à ses 3,2 millions d'abonnés que si elle avait souvent posté elle-même des photos avant/après, elle "avait souvent ressentie une sorte de pression", comme si elle avait besoin "de ces photos pour valider sa maladie". Bien qu'elle ne soit pas contre ces montages, elle estime : "Nous n'avons pas besoin de prouver que nous luttons".

(This post is regarding Eating Disorders & recovery NOT the fitness industry / or weight loss) . Please read before passing judgement as this is NOT me telling you NOT to post before and afters or diminishing the achievements and accomplishments of those who are proud of their journeys. I love seeing people celebrating how far they've come and totally get why (myself included) choose to post before and afters. . But let's open the discussion..... #BoycottTheBefore was started by @soworthsaving and I'm so proud to be part of this movement. . I myself have felt the pressure to post before and after pics to validate that I too suffered... but that's not right. We do not need to prove that we struggled, we do not need to feel like anyone may have struggled more or less because maybe there before and after photos aren't as "dramatic". It's not even about that, it's always about how far you've come so @boycottthebefore is here to celebrate YOU right now! To celebrate how far you've come and maybe how far you still have to go - there is no perfect recovery & everyones is completely unique. . I do however want to say I'm not against posting before and afters, I have done so too and will be keeping them up. However this is also a really great message and I hope to see lots of of you tagging me in your pics (I've shared pics of those who tagged me just swipe to see)... I'm forever inspired by the recovery & bopo communities and I'm grateful for every single person who empowers each other and shares their beautiful unique spark with us all. . To read @soworthsaving blog post about this movement go to @neda or http://proud2bme.org/content/eating-disorder-comparison-photos-boycott #NEDA #everyBODYisbeautiful (bikini is @aerie) No makeup no retouching #aeriereal

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