Ces actrices porno sortent du silence et révèlent les dessous violents de l'industrie

Publié le Jeudi 29 Septembre 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Diffusé ce jeudi 29 septembre, l'émission "Complément d'enquête" dédiée au monde du porno fait état des nombreuses violences et humiliations subies par les actrices.
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Ce mardi 27 septembre, 3 acteurs et un réalisateur ont été interpellés dans le cadre de l'enquête sur la plateforme French Bukkake, du nom d'une pratique sexuelle, et placés en garde à vue pour "traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé". Tout avait commencé en 2020, lorsqu'un service de gendarmerie avait remarqué que le site "proposait un abonnement payant permettant à certains clients (...) de participer à des tournages de films pornographiques, et donc d'avoir des relations sexuelles", détaille Franceinfo.

Aujourd'hui, 46 personnes se sont portées partie civile, 12 hommes sont poursuivis dont la "grande majorité est incarcérée", précise le média, dont "Pascal OP" et Mat Hadix, particulièrement connus dans le milieu.

En juin dernier, c'était au tour du site étiqueté "amateur" Jacquie et Michel d'être dans la tourmente. Michel Piron, son propriétaire, sa femme et trois hommes présentés comme des "acteurs" ont été arrêtés dans le cadre d'une enquête judiciaire ouverte en 2020, rapporte l'AFP. Le premier pour complicité, entre autres, de viols aggravés, proxénétisme aggravé et traite des êtres humains ; les trois derniers pour viols aggravés ou en réunion, traite des êtres humains ou encore proxénétisme.

Une industrie "prédatrice"

Ces violences longtemps tues, c'est justement ce que veut mettre en lumière le numéro de Complément d'enquête dédié à l'industrie du porno, diffusé ce jeudi 29 septembre sur France 2, qui recueille des témoignages accablants de victimes. Certaines ont d'ailleurs témoigné devant la délégation sénatoriale chargée d'enquêter sur les dérives dans ce milieu.

Ce mercredi 28 septembre, les sénatrices Laurence Rossignol (PS), Annick Billon (Union des démocrates et indépendants), Alexandra Borchio-Fontimp (Les Républicains) et Laurence Cohen (Parti communiste) ont présenté au Sénat 23 propositions pour mieux encadrer une industrie "prédatrice" et "génératrice de violences systémiques envers les femmes".

"J'ai mal, je pleure, je saigne, mais personne ne s'arrête"

Hélène et Marine (les prénoms ont été modifiés) ont accepté de témoigner dans le reportage de Complément d'enquête. Jeunes et précaires à l'époque, elles ont tournée dans les productions de "Pascal OP", qui leur avait promis 1 500 euros pour quelques heures de tournage. L'expérience s'est transformée en cauchemar.

Hélène confie : "A toutes les scènes, je passe mon temps à les pousser, à dire non. Je suis sur lui, et il me maintient, et de là, j'ai une double pénétration forcée, alors que j'avais dit non. Donc j'ai mal, je pleure, je saigne, mais personne ne s'arrête." Marine, quant à elle, "réalise aujourd'hui [qu'elle a] été violée pendant ces scènes".

Un reportage qui contribue à un débat brûlant : faut-il interdire le porno ? Une chose est sûre en tout cas, il est urgent d'en dévoiler les dessous crasses, et d'enfin réellement protéger ses travailleuses.

Complément d'enquête - Porno : une industrie hors de contrôle, une enquête de Rola Tarsissi, Mathieu Dreujou et Michel Pignard diffusée jeudi 29 septembre sur France 2 à 23h.