"J'étais sidérée", "tu deviens un bout de bois" : Victime de viol, Corinne Masiero témoigne

Publié le Vendredi 19 Mai 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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"J'étais sidérée", "tu deviens un bout de bois" : Victime de viol, Corinne Masiero témoigne
L'espace d'une interview intime accordée à "Konbini", l'interprète du "Capitaine Marleau" est revenue sans détour sur les violences dont elle a été victime par le passé. L'actrice relate notamment un viol. Une parole qui bouscule. Beaucoup.
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Trigger warning, le témoignage qui suit est violent, très violent, mais il est nécessaire. Il porte sur des violences physiques, des violences sexuelles, et sur le viol. Ce témoignage, c'est celui d'une femme engagée, qui depuis son happening très "Femen approved" en 2021, n'en finit pas de susciter notre admiration par ses convictions : Corinne Masiero, qui pour tout un plan du public restera à jamais la Capitaine Marleau de la série éponyme.

Profondément investie dans la lutte contre l'inceste et les violences faites aux enfants, l'actrice actuellement à l'affiche de la comédie La marginale se bat également au quotidien contre les violences faites aux femmes. Et parmi elles, les agressions sexuelles, et les viols, trop souvent synonymes d'impunité. Auprès de Konbini, Corinne Masiero est revenue sur le viol dont elle a elle-même été victime.

C'était il y a des années de cela. L'agresseur ? "Un pote", détaille l'actrice. Avec gravité, elle relate face-caméra : "Il ne m'a pas cogné. J'étais sidérée par ce qu'il se passait... Quand ça se termine, tu te demandes ce qui t'es arrivée. Tu es juste comme un bout de bois, à ne plus bouger".

"Il te passe dessus"

L'actrice explique encore : "Quand ça arrive, tu ne sais plus comment faire. Il te passe dessus. Et en plus tu culpabilises ensuite car tu demandes pourquoi tu n'as pas dit non". Ce que s'exerce à mettre en mots Corinne Masiero ici, c'est le phénomène de sidération qu'éprouvent bien des victimes de viols et d'agressions sexuelles. Une chose trop ignorée ou incomprise, même six ans après les prémices de la médiatisation du mouvement #MeToo.

Ce phénomène là, ces mots là, évoquent un récit tout aussi intime et accablant, et dur à lire, autant que nécessaire : celui de Virginie Despentes, qui dans King Kong Théorie s'attarde elle aussi sur le viol dont elle a été victime, plus jeune, alors qu'elle faisait du stop. Deux voix féministes et sans filtre, celles de Corinne Masiero et de Virginie Despentes, importantes pour entendre les violences patriarcales, et mesurer leur étendue, leur perduration.

Quand elle était SDF, Corinne Masiero a vécu toutes formes de violences : "Ca m'est déjà arrivée qu'on me mette une flingue sur la tempe et qu'on me dise : suce moi, sinon je te tire une balle". Elle ajoute : "Quand t'es une gonzesse, même avec la gueule que j'ai... Pour les agresseurs, un trou, c'est un trou". Des paroles crues, mais bien moins que la réalité qu'elles viennent dénoncer.

A savoir ?

Virginie Despentes toujours, dans King Kong Théorie : "Le viol est un programme politique précis : il est la représentation crue et directe de l'exercice du pouvoir. Il désigne un dominant et organise les lois du jeu pour lui permettre d'exercer son pouvoir sans restriction. Le viol c'est l'organisation politique par laquelle un sexe déclare à l'autre : je prends tous les droits sur toi, je te force à te sentir inférieure, coupable et dégradée".

Des mots que ce témoignage douloureux vient appuyer.