Gisèle Pélicot confronte en cette rentrée 2025 l'un de ses très nombreux violeurs au tribunal : Husamettin Dogan, un ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans, lequel comparaît libre, alors qu'il a été condamné en première instance à 9 ans de prison lors du procès historique de Dominique Pelicot. C'est le seul violeur de Gisèle Pélicot qui avait fait appel suite à son jugement intiial.
Par ce jugement, Dominique Pelicot était reconnu coupable d'avoir droguée son épouse, de l'avoir violée et de l'avoir faite violer par au moins 51 autres hommes, tous reconnus coupables par la cour en 2024.
Husamettin Dogan est au coeur de ce nouveau chapitre juridique : il risque à nouveau 20 ans de réclusion pour viols. Et le duel rhétorique qui l'a opposé à Gisèle Pélicot a donné lieu à de très intenses rixes.
Une séquence très éprouvante mais nécessaire pour ce qui est de la défense des droits des femmes.
Le 19 décembre 2024, après quatre mois de procès laborieux et douloureux, le mari de Gisèle Pelicot a été condamné à 20 ans de réclusion pour viols aggravés sur sa femme.
Aujourd'hui, c'est l'un des autres nombreux violeurs de Gisèle Pelicot qui comparait car il a fait appel de son premier jugement.
Il nie les faits. Il nie le terme de violeur qu'on lui attribue.
Ce n'est pas la première fois. Ce procès est une démonstration de ce qu'est la culture du viol : l'euphémisation constante dans notre société des violences sexuelles et le mépris des victimes.
Sandrine Rousseau le détaille très bien : "ce procès n'est pas le procès d'un fait divers exceptionnel, mais le procès d'un rapport social..". Et Sandrine Rousseau de mettre les points sur le si avec une expression bien particulière : "Ce procès est celui de la culture du viol. Mazan est une petite ville, et il a suffi de passer une annonce pour que cent hommes se disent prêts à aller violer une femme qui était dans un état de coma..."
"Si certains ont refusé, aucun n’a dénoncé... ", déplore l'élue écologiste au micro de franceinfo soir, avant de l'affirmer : "On ne pourra pas se contenter juste de cet soutien à Gisèle Pelicot, il va nous falloir interroger notre rapport entre les hommes et les femmes".
Et cela, c'est Gisèle Pélicot qui l'exprime au tribunal en ce mois d'octobre 2025.
"Vous n'avez pas compris, Monsieur Dogan, ce qu'est un viol. A quel moment vous allez reconnaître que c'est un crime ?", a fustigé Gisèle Pelicot dans l'enceinte du tribunal au cours de ce procès qui fait beaucoup réagir. "Vous vous dites victime. Victime de quoi ? La seule victime dans cette salle, c'est moi ! Vous n'êtes pas victime de monsieur Pelicot, assumez vos actes et arrêtez de vous cacher derrière votre lâcheté"
Lors du dernier procès où se défendait Gisèle Pélicot face à ses violeurs, le terme de "violeur" était systématiquement nié. Par des violeurs.
On garde à l'esprit ce qui s'est dit durant ce procès. Effectivement, le "victim blaming", on y pense également lorsque Gisèle Pelicot faisait face aux questions de la défense, tel que : "Vous n'auriez pas des penchants exhibitionnistes ?". Ou : "il y avait, au sein du couple Pelicot, un jeu sexuel, même s'il ne s'agit pas de discuter d'une quelconque moralité".
Ou encore, lors de la diffusion de photos intimes durant le procès : "On ne voulait pas que ce soit diffusé devant tout le monde. Vous êtes en colère, mais vous êtes aussi responsable de cette diffusion !"
