Dans la série "The Baby", la maternité est un cauchemar (et c'est jouissif)

Publié le Jeudi 28 Avril 2022
Catherine Rochon
Par Catherine Rochon Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Dans la nouvelle série HBO "The Baby" diffusée sur OCS en France, une trentenaire célibataire se retrouve avec un mystérieux bébé sur les bras. Une comédie horrifique grinçante qui dézingue les clichés liés à la maternité.
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Natasha (Michelle de Swarte) n'en peut plus : les bébés pullulent autour d'elle. L'une de ses amies biberonne, une autre vient de tomber enceinte, les tests de grossesse s'affichent sur Instagram. Bref, elle sature. Car Natasha le clame haut et fort : être mère ne l'intéresse absolument pas et elle l'assume, quitte à froisser ses copines. Pourtant, la vie de cette célibataire de 38 ans va prendre un drôle de tour lorsqu'elle va se retrouver avec un mystérieux bébé sur les bras. Un adorable chérubin en apparence mais dont elle détecte rapidement les "vibes flippantes". Il la fixe étrangement, il la colle. Et surtout, les cadavres ne vont pas tarder à s'accumuler autour de ce petit être pas si innocent. Ni une, ni deux, Natacha va tenter de se débarrasser au plus vite de cet étrange marmot. Mais cela ne s'avèrera pas aussi facile.

Une comédie horrifique qui tourne autour du non-désir de maternité ? Voilà le projet délicieusement audacieux des showrunneuses Siân Robins-Grace (productrice du déjà décomplexé Sex Education) et Lucy Gaymer (qui a notamment bossé sur le cultissime Fleabag). Leur idée géniale : décaniller les clichés accolés à la maternité. Ici, l'héroïne ultra-indépendante se contrefout des enfants. Pire : ils lui gâchent la vie. Et ce "baby" serial-killer va devenir son cauchemar, sa malédiction.

A travers le regard de Natasha, la bouille du bébé devient inquiétante, chacun de ses sourires une menace. S'amusant avec les codes du genre, The Baby jouent aussi la carte du burlesque décalé comme savent si bien le faire les British (Shaun of the Dead). Ce bébé, il "faut le détruire" à tout prix avant qu'il ne tue encore. Oui, c'est osé (et assez jouissif).

La série horrifique "The Baby"
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Politique derrière le grinçant

Mais derrière la satire féroce, The Baby explore aussi subtilement tout le spectre de la maternité, qu'elle soit subie, désirée, voire imposée. Ici, les sourires de convenance masquent les fragilités des "vraies" mamans en burn-out parental. Et le bébé miracle de Natasha renvoie sa soeur lesbienne (Amber Grappy) à son projet d'adoption tant espéré. Enfin, la série prend un étonnant tournant politique lorsqu'elle aborde le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Se départissant de son humour noir, The Baby se mue peu à peu en fiction hantée où s'entremêlent les tabous et les non-dits (seuls 6 épisodes sur 8 ont été dévoilés à la presse).

Culotté et gentiment trash, ce show féministe se distingue par son propos décomplexé, désacralisant la maternité. Et prend un malin plaisir à envoyer valser les injonctions. Forcément rafraîchissant.

The Baby

Une mini-série de Lucy Gaymer et Siân Robins-Grace

Avec Michelle de Swarte, Amber Grappy, Amira Ghazalla...

Disponible sur OCS en France.