"Tes cheveux ne te définissent pas" : ces photos magnifient les femmes chauves

Publié le Mercredi 04 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les photographies d'Elise Michely brisent un tabou avec sororité.
Les photographies d'Elise Michely brisent un tabou avec sororité.
Sur Instagram, le compte de cette appli dédiée à l'alopécie compile les portraits de femmes chauves et elle renverse un tabou bien trop ancré dans les consciences. Une inspirante sororité.
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Solaires et badass, iconiques et insouciantes, énigmatiques et souriantes... Les photographies de femmes compilées sur le compte Instagram ally_alopecia débordent de bienveillance et de puissance. Un détail, soit dit en passant : ces femmes n'ont pas de cheveux. Elles sont atteintes d'alopécie, cette maladie qui a pour incidence la chute capillaire.

Elles ont pour noms Sarah Sharp, Susy Markoe Schieffelin ou encore Evangeline Liane Betts. Et les séances-photos de ces mannequins inspirantes au possible ont été initiées par Nichola McAvoy, créatrice de l'appli Ally Alopecia, destinée à réunir les personnes atteintes d'alopécie. L'entrepreneuse de 26 ans agit à des fins qu'on ne peut que saluer : briser cette fameuse injonction - et son lot de tabous encombrants - qui voudrait qu'une femme ait forcément des cheveux, un point c'est tout.

C'est vous dire si ce projet entrepris au Royaume-Uni balaie avec justesse a priori et complexes tout en sublimant celles qui, bien trop souvent, manquent de visibilité et d'estime de soi. Le mot d'ordre ? Bald is beautiful. "Les chauves sont belles".

"Il est normal que les femmes soient chauves"

"Je veux que les gens réfléchissent davantage à la manière dont ils abordent les personnes qu'ils perçoivent comme étant "différentes"", explique Nichola McAvoy au site Refinery29. L'instigatrice de ce mouvement a commencé à perdre ses cheveux à l'âge de 11 ans. Plus jeune, elle ne ressentait que de la honte face au regard des autres. Le parcours qu'elle a entrepris lui a pris beaucoup de temps. Mais aujourd'hui, elle a même cessé de porter des perruques. Et se réjouit de montrer au monde "qu'il est tout à fait normal que les femmes soient chauves".

Cette sensation de paix avec son apparence est une force : elle se sent "puissante". Quant à celles qui sont venues poser sous l'objectif de la photographe, elle les décrit comme des personnes "extraordinaires". Difficile de ne pas la croire.

Ce n'est pas la mannequin April Dawn qui la contredira. L'alopécie la suit depuis ses quinze ans. Elle n'a cessé de ressentir colère, confusion et amertume. Puis elle s'est réconciliée avec elle-même. Après avoir participé au shooting d'Elise Michely, elle évoque pour Refinery29 cette "super-puissance" qui est la sienne. Bien sûr, "le chemin a été dur", dit-elle, mais elle a fini par éprouver une forme d'émancipation. "J'ai libéré la personne qui se cachait en moi pendant toutes ces années", poétise-t-elle. Ce sont ces vertus intimistes que propagent ces galeries de portraits, aussi bien adressées aux regards trop hâtifs qu'à toutes celles qui subissent leurs jugements. En découle un contenu à la fois graphique et stimulant, traversé d'ondes positives.

"J'aimerais que les gens partagent les histoires de personnes atteintes d'alopécie, pour aider à éliminer les stigmates, et à reconnaître que les femmes chauves sont belles", achève la créatrice de Ally Alopecia. Cette envie vive d'initiative collective est l'impulsion-même d'un tel projet artistique. Toutes ensemble, les mannequins qui défilent semblent constituer un crew, ayant su tirer de leurs expériences respectives et pas toujours évidentes une estime des plus "empouvoirantes".

De quoi nous renvoyer à ces voix de femmes anonymes atteintes de "pelade" qui, dans les pages de 20 Minutes, évoquaient à l'unisson "le poids de l'image" - et sa violence - mais également l'acceptation et la joie qui en découlent.

Ainsi résonnent, par exemple, les mots de l'entrepreneuse Johane : "Avec le recul, je me dis que d'avoir vécu cette situation a été l'un des plus beaux cadeaux que la vie m'ait faits, cela m'a permis de grandir et d'apprendre que chaque situation difficile est un tremplin pour grandir. Aujourd'hui je suis prête à accompagner les gens afin de leur apprendre à être heureux, peu importe la circonstance". Vous avez dit feel good ?