Des sculptures de sperme et d'urine pour dénoncer le sexisme et le racisme

Publié le Vendredi 10 Décembre 2021
Julie Legendart
Par Julie Legendart Journaliste
Des sculptures de sperme pour dénoncer le sexisme et le racisme
Des sculptures de sperme pour dénoncer le sexisme et le racisme
L'artiste Jes Fan manie le sperme, l'urine, la mélanine ou la testostérone comme d'autres l'argile et la gouache. Son but : révéler toute l'absurdité du sexisme et du racisme - mais aussi des inégalités en général - à travers des oeuvres inédites et forcément politiques.
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C'est au New Museum, à New York, que les oeuvres de l'artiste canadien Jes Fan sont exposées jusqu'au 23 janviers 2022. Parmi elles, des sculptures d'un genre unique. Et c'est le cas de le dire. Plutôt que des matériaux classiques, le plasticien utilise des fluides et des composants issus de nos propres organismes pour mieux les mélanger. "C'est comme une émission de cuisine : j'ai du sperme, du sang, de la mélanine et de l'urine", rit-il dans une vidéo qui lui est dédiée intitulée Jes Fan: Infectious Beauty, réalisée par Artnet.

Grâce à des scientifiques, il tente de transformer des molécules, hormones, pigments, fluides - comme la testostérone et la mélanine - afin des les fixer dans ses créations. Et tout cela a un but précis qui n'est pas (uniquement) de la provocation. Il travaille ainsi avec "ce qui est considéré comme des matériaux genrés ou racialisés" pour mettre en avant l'absurdité des inégalités sociales et de la haines liées à la présence ou non de ces composants.

"Je pensais beaucoup à la façon dont la race, surtout aux Etats-Unis, est vue comme quelque chose d'infectieux", développe-t-il. "Pensez à la Chine et au Covid-19. Pensez au SRAS et à Hong Kong. Pensez à l'époque des lois Jim Crow – l'idée de ne pas partager des plans d'eau, l'idée que ce serait infecté." Toute une démarche qui prête à une réflexion profonde sur notre société, et à porter un regard au-delà de l'objet en lui-même.

D'ailleurs, pour amener les spectateur·rice·s à cette approche, Jes Fan a une technique précise : présenter des formes rondes et sensuelles qui attirent le public, et créer de l'émotion lorsque celui-ci réalise ce qui compose ces mêmes formes. Et par émotion, il entend carrément la "révulsion". "La dimension érotique séduit. C'est de la beauté lustrée, la possibilité de voir son reflet à l'intérieur. Et en même temps, on contemple quelque chose qui nous révulse, qui est considéré comme infectieux ou sale".

C'est aussi un moyen de s'affranchir des réseaux sociaux, ou "la seule façon d'aimer est de double-taper", et d'exprimer ce qu'on ressent autrement. Pour, en fin de compte, faire évoluer les mentalités.
"Je pensais beaucoup à la façon dont la race, surtout aux Etats-Unis, est vue comme quelque chose d'infectieux", développe-t-il. "Pensez à la Chine et au Covid-19. Pensez au SRAS et à Hong Kong. Pensez à l'époque des lois Jim Crow – l'idée de ne pas partager des plans d'eau, l'idée que ce serait infecté." Toute une démarche qui prête à une réflexion profonde sur notre société, et à porter un regard au-delà de l'objet en lui-même.

D'ailleurs, pour amener les spectateur·rice·s à cette approche, Jes Fan a une technique précise : présenter des formes rondes et sensuelles qui attirent le public, et créer de l'émotion lorsque celui-ci réalise ce qui compose ces mêmes formes. Et par émotion, il entend carrément la "révulsion". "La dimension érotique séduit. C'est de la beauté lustrée, la possibilité de voir son reflet à l'intérieur. Et en même temps, on contemple quelque chose qui nous révulse, qui est considéré comme infectieux ou sale".

C'est aussi un moyen de s'affranchir des réseaux sociaux, ou "la seule façon d'aimer est de double-taper", et d'exprimer ce qu'on ressent autrement. Pour, en fin de compte, faire évoluer les mentalités.