Le Réseau environnement santé, composé de scientifiques, de pédiatres et de gynécologues, a adressé aujourd’hui un courrier au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour lui demander d’informer les femmes enceintes du risque d’accoucher prématurément en cas de consommation d’Aspartame. Cet édulcorant est notamment utilisé pour remplacer le sucre dans les boissons light. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques se fondent sur une étude publiée au Danemark il y a un an. Et les chiffres révélés par cette dernière sont inquiétants. En effet, une femme enceinte qui boit un soda light par jour verrait ses risques d’accoucher prématurément augmenter de 27%. Mais pire : boire quatre cannettes les augmenterait de 78%. L’impact est cependant réduit lorsque les boissons sont non-gazeuses.
Pour le réseau, il devenait alors impératif d’avertir les femmes enceintes sur ce risque. « Prendre une position claire sur cette information me parait être une bonne chose », a estimé au micro d’Europe1 le chef du service gynéco-obstétrique au CHU de Nîmes, le docteur Pierre Marès. Selon lui, sensibiliser les femmes enceintes en faisant de la prévention pourrait permettre de réduire le taux de prématurité. « Si on gagne 25% de prématurité c’est énorme », a-t-il d’ailleurs déclaré. La conclusion des scientifiques dans cette lettre envoyée à Xavier Bertrand va aussi dans ce sens : « vous avez déclaré, à propos de l’affaire du Médiator, que le doute devait désormais profiter au malade. Dans le cas présent, il nous semble que le doute devrait profiter au consommateur », écrivent-ils.
L'aspartame est l’édulcorant le plus utilisé dans le monde. On le retrouve ainsi dans plus de 6 000 produits, en passant des boissons light aux chewing-gums. Il est également présent dans plus de 500 produits pharmaceutiques. Selon le Réseau environnement santé, 200 millions de personnes en consommeraient « régulièrement ».
En cette journée mondiale de la prématurité, on constate en outre que le nombre de prématurés ne cesse de croitre. Un rapport de la Direction de l’administration centrale des ministères sanitaires et sociaux (DRESS) publié en octobre dernier « montre que la prématurité est passée de 5,9% en 1995 à 7,4% en 2010 toutes prématurités confondues, soit une augmentation de 15% en 15 ans ».
Alexandre Roux
(Source : Le Monde.fr)
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