La loi anti-avortement la plus répressive des États-Unis a été votée en Alabama

Publié le Mercredi 15 Mai 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
L'Alabama interdit quasi totalement l'avortement
L'Alabama interdit quasi totalement l'avortement
Ce mardi 14 mai, l'Etat conservateur d'Alabama a voté la loi la plus restrictive du pays en matière d'avortement. Désormais, il sera interdit et passible d'une peine de prison allant de 10 à 99 ans pour les médecins le pratiquant illégalement. Même en cas de viol ou d'inceste.
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On se croirait dans un épisode de la série The Handmaid's Tale et pourtant, on est bel et bien aux Etats-Unis en 2019. Après le vote de la "heartbeat bills" dans plusieurs Etats conservateurs (dont la Géorgie), qui interdisait l'avortement une fois les battements du coeur du foetus détectable, c'est au tour de l'Alabama d'adopter un projet de loi qui bafoue le droit des femmes.

Le Sénat de Montgomery a ainsi voté, à 25 voix pour, 6 contre, l'interdiction de l'avortement à n'importe quel stade de grossesse, même en cas de viol ou d'inceste. Seules exceptions : les cas d'urgence vitale pour la mère ou d'anomalie létale du foetus. Les médecins qui prendraient la décision de pratiquer une IVG, illégale si le gouverneur signe la loi, risqueraient alors une peine de prison allant de 10 à 99 ans. Une motion adoptée par des républicains, des hommes principalement.

Le sénateur Singleton, démocrate, s'est immédiatement insurgé contre ce vote qu'il qualifie dans un discours poignant de "honte". "Vous venez de violer vous-même l'Etat de l'Alabama", assène-t-il, avant de continuer d'un ton empreint d'émotion : "Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l'Etat de l'Alabama... Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte".

L'association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé qu'elle irait en justice pour contester ce texte rétrograde, selon Le Monde. Les promoteurs de la loi, quant à eux, avouent que leur intention est d'amener le cas jusqu'à la Cour Suprême, pour qu'elle remette en question la décision de 1973, "Roe v. Wade", qui autorisait les femmes à avorter tant que le foetus n'était pas viable.

Rappelons que Donald Trump y a récemment élu deux juges ultra-conservateurs, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, ce dernier ayant été accusé d'agression sexuelle avant sa mise en fonction.

Rappelons également qu'aux Etats-Unis, aucune loi ne concerne le corps des hommes, et que rendre l'avortement illégal ne diminuera pas le nombre de femmes ayant recours à une IVG. Cela augmentera simplement le risque que ces dernières le fassent dans des conditions inhumaines et en meurent.