16 personnes condamnées à mort pour le meurtre d'une étudiante brûlée vive au Bangladesh

Publié le Vendredi 25 Octobre 2019
Mylène Wascowiski
Par Mylène Wascowiski Rédactrice
16 personnes condamnés à mort après le meurtre de Nusrat Jahan Rafi, brûlée vive en avril 2019.
16 personnes condamnés à mort après le meurtre de Nusrat Jahan Rafi, brûlée vive en avril 2019.
Ce jeudi 24 octobre, 16 personnes ont été condamnées à mort par la justice du Bangladesh pour le meurtre de Nusrat Jahan Rafi en avril dernier. La jeune femme avait été brûlée vive après avoir accusé le directeur de son école coranique de harcèlement sexuel.
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La tragédie de Nusrat Jahan Rafi avait suscité une vive émotion dans monde entier. Le 11 avril dernier, dans la petite ville de Feni au Bangladesh, la jeune femme de 19 ans succombait à ses blessures, après avoir été brûlée vive par plusieurs personnes sur le toit de son école.

Une agression d'une violence extrême, qui faisait suite à une plainte déposée par la jeune étudiante le 27 mars dernier à l'encontre du principal de son école coranique, qu'elle accusait alors de harcèlement sexuel. Quelques jours plus tôt, celui-ci aurait en effet attouché la jeune femme à plusieurs reprises, avant qu'elle ne parvienne à s'extirper de son emprise.

Traumatisée, elle avait tenté de porter plainte, soutenue par sa famille. Mais l'accueil des forces de l'ordre s'était avérée culpabilisant au possible, comme en témoigne une vidéo ayant fuité dans les médias, filmée avec le téléphone d'un policier qualifiant l'agression de "rien de grave". Le principal de son école est malgré tout arrêté et placé en détention provisoire le jour-même. Deux étudiants du même établissement que Nustrat avaient organisé une manifestation afin de réclamer la libération de l'agresseur présumé, niant au passage les accusation de la jeune femme.

Un climat plus qu'hostile qui poussera l'étudiante de 19 ans à manquer l'école jusqu'au 6 avril, date de ses examens. L'établissement empêchera le frère de Nusrat de l'accompagner et la jeune femme sera rapidement prise à partie par deux de ses camarades, prétendant qu'un·e de ses ami·es se fait tabasser sur le toit. Nusrat se précipitera et expliquera par la suite dans sa déposition que "quatre ou cinq personnes en burqa" l'attendaient alors sur le toit, l'arrosant de kérosène et lui demandant de retirer sa plainte. Elle refusera et sera brûlée vive. Si ses agresseurs semblaient vouloir faire passer la mort de Nusrat pour un suicide, la jeune femme était à s'enfuir et sera finalement secourue et transportée à l'hôpital. Elle mourra des suites de ses blessures cinq jours plus tard.

16 personnes condamnées à mort pour le meurtre de Nusrat


Après plusieurs mois de procès, la justice du Bangladesh a condamné à mort ce jeudi 24 octobre 16 personnes pour le meurtre de Nusrat. Le procureur Hafez Ahmed, en charge de l'affaire, a déclaré à l'issue du procès, particulièrement suivi dans le pays : "Le verdict prouve qu'aucun meurtre ne reste impuni au Bangladesh. Nous sommes en État de droit."

Pour l'association Bengladesh Mahila Parishad, il s'agit-là d'une peine "exemplaire" qui, elle l'espère, dissuadera les agresseurs potentiels de passer à l'acte, rapporte France Inter. Car au Bangladesh, la loi du silence est toujours reine et rares sont les victimes à oser porter plainte suite à une agression.

Et lorsqu'elles le font, elles n'ont que très peu de chances de voir leur agresseur être condamné, puisque seules 3% des affaires aboutissent aujourd'hui dans le pays à une peine. Les femmes, comme Nusrat, risquent en revanche leur vie en brisant la loi du silence.