"Six viols et non-coupable" : pourquoi le verdict du procès de Benjamin Mendy scandalise

Publié le Vendredi 13 Janvier 2023
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
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Après cinq mois de procès, le footballeur français Benjamin Mendy a été déclaré non-coupable de six viols et une agression sexuelle ce vendredi 13 janvier par la justice britannique. Un acquittement qui ne passe pas.
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Le verdict est tombé et il est lunaire : alors que Benjamin Mendy était jugé pour six viols et une agression sexuelle, le footballeur français a été déclaré non-coupable ce 13 janvier au terme de cinq mois d'audience et 14 jours de délibération par la cour de Chester, dans le nord de l'Angleterre.

En revanche, le jury populaire n'est pas parvenu à un verdict sur une septième accusation de viol et de tentative de viol. Le défenseur, qui officiait au sein du club de Manchester City (qui l'a suspendu il y a plus d'un an), fera donc face à un deuxième procès. Une audience préliminaire aurait lieu le 27 janvier avant deux à trois semaines de procès à partir du 26 juin prochain, note 20 Minutes.

Pas moins de sept femmes avaient porté plainte contre le footballeur pour des faits de violences sexuelles présumés qui se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021 à son domicile de Prestbury, dans le Cheshire. Elles avaient livré des témoignages glaçants contre Benjamin Mendy. L'une d'elles avait ainsi raconté comment, alors qu'elle prenait une douche dans la maison du footballeur au lendemain d'une soirée avec ses amis, ce dernier se serait introduit dans la salle de bain, tentant de l'attirer à lui contre sa volonté. "J'étais sur son territoire, avec ses amis. Je répétais 'stop' et 'non', mais je n'étais pas écoutée donc je me sentais sans voix."

L'international français de 28 ans, qui risquait la prison à perpétuité, avait été qualifié par le procureur Timothy Kray de "prédateur" et de "violeur en série".

"Il a hâte de laver son nom" pour pouvoir "commencer à reconstruire sa vie", a déclaré son avocate Jenny Wiltshire à l'issue du verdict.

"Portez plainte qu'ils disaient..."

Cette décision a laissé de nombreuses voix féministes abasourdies. Comment, alors que pas moins de sept femmes avaient porté plainte et témoigné contre le footballeur, celui-ci peut-il ressortir libre de son procès ? Qu'est-ce que ce jugement dit du poids de la parole des femmes ? Parmi les arguments massues utilisés par la défense et qui aurait fait basculer la cour, une vidéo sur laquelle on voyait l'une des plaignantes avoir des rapports sexuels consentis avec le co-accusé de Mendy, Louis Saha Matturie, présenté comme son "rabatteur".

"L'équipe de défense de Mendy a utilisé cette accusation abandonnée pour semer le doute dans l'esprit du jury, suggérant que si une femme avait menti, les autres n'auraient-elles pas également pu inventer leurs allégations ?", note le Guardian.

"Six viols. Non-coupable. Portez plainte qu'ils disaient... C'est à vomir. Le mec confisquait leur portable et enfermait ses victimes dans des panic rooms. Leur récit était glaçant", s'offusque ainsi la journaliste Nora Bouazzouni sur Twitter.

"Lol", s'est contentée de commenter ironiquement la militante féministe Anna Toumazoff, l'une des instigatrices du mouvement #DoublePeine, qui épinglait l'accueil reçu par les victimes de violences sexuelles dans les commissariats et gendarmeries.

Rappelons qu'en 2020, 0,6% des viols déclarés par des majeurs ont fait l'objet d'une condamnation.