"Je fais un travail qui peut atteindre à la pudeur des gens que j’aime."
Adèle Exarchopoulos avait 18 ans quand elle a tourné "La Vie d’Adèle", ressasse francetv en guise d'exergue à une séquence toujours très relayée aujourd'hui, notamment sur Instagram et TikTok : l'interview de cette grande comédienne, doublement Césarisée, par le Papotin, dans les Rencontres du même nom. A l'instar de Virginie Efira, la jeune femme s'est confrontée très tôt à un défi : être totalement nue, face aux caméras, et multiplier les scènes de sexe.
Comme celle, très controversée, de La vie d'Adèle. Polémique depuis sa diffusion à Cannes il y a plus d'une décennie, par son caractère très frontal, les fantasmes très masculins qu'elle cristallise (qui a dit male gaze ?), son tournage sulfureux, interminable, et surtout, sa longueur, très, très étendue à l'écran, et jugée tout à fait hyperbolique par la critique, à l'époque, comme aujourd'hui.
Néanmoins, l'actrice a décidé, sur la demande des intervieweurs, de s'exprimer enfin sur son rapport à cette nudité décomplexée.
"Comment je vis les scènes de sexe de La vie d'Adèle ?..." , débute-t-elle dans une prise de parole très libre, avant de se dévoiler....
"En fait ce qui est beau ave ce film, c'est que c'est purement une histoire d'amour au fond. Quand le film est sorti néanmoins, j'ai vu que les gens faisaient comme une confusion entre mon personnage et moi car le film s'appelle : La vie d'Adèle. C'est normal. Sur le tournage, on faisait beaucoup d'improvisations, et Kechiche m'appelait d'ailleurs toujours Adèle...", énonce ainsi l'interprète de la fameuse Adèle, un rôle intense qui lui a valu un sacre immédiat.
Quitte à compliquer sa vie, à cause de ces malentendus ? En tout cas, sur le plateau, la comédienne dément des conditions infernales.
"Après pour les scènes de nu, il faut savoir qu'on est pas toutes nus justement, enfin pas de la façon dont on l'imagine : on porte des prothèses, Léa et moi, durant cette séquence. On est complètement nues, d'accord, mais nos parties intimes ne se touchent jamais quand on enchaîne les positions".
"Léa, c'est mon amie, et même si c'était bizarre à tourner, elle m'a vraiment facilitée les choses, elle arrêtait pas de me rassurer", étaye-t-elle dans ce témoignage doux amer. Qui n'est pas sa première déclaration à ce sujet. Très loin de là.
"Les gens commencent tout juste à percuter que les scènes de sexe peuvent être négociées dès le déj... Car c'est dur de dire devant quinze personnes : Désolé, ça me dérange...", confie effectivement l'actrice Césarisée dans une interview fleuve parue cette année dans le magazine Society, revue auprès de laquelle elle revient en long et en large sur son rapport à la nudité, et surtout, aux metteurs en scène.
Et cela n'est jamais évident. Il arrive, relate la comédienne, que la scène de nudité soit peu ou prou imposée, soumise ainsi, l'espace d'une semi improvisation. En tout cas, c'était ainsi du temps de La vie d'Adèle...
"Les scènes de sexe ce n'est pas toujours dans le scénario. Parfois, on te met devant le fait accompli. Et on te dit sur le plateau : T'es OK pour montrer tes seins ?..."
Propos plutôt accablants, qui témoignent de la prévalence d'un certain "regard masculin", tutélaire, décideur, omniprésent, dans la conception d'un film, et le rapport aux actrices.
"C'est rare les belles scènes de sexe au cinéma. J'ai aimé le cunni dans A History of Violence de Cronenberg, la séquence de l'escalier. Ou la scène de sexe dans 8 Mile, dans les palettes, j'ai adoré, je me suis dit : "Ca a l'air trop bien le sexe !"...", y détaille encore avec plus de décontraction la star du cinéma français.