Il y a quelques jours encore, à l'occasion du défilé printemps-été 2025 de la maison Leonard, la star de la série HPI s'est retrouvée sous le feu des projecteurs... Et des critiques. En fait, cela fait quelques mois déjà, depuis son apparition dans l'émission "Quotidien", qu'Audrey Fleurot est la cible des mêmes jugements... A l'égard de son physique !
Pourquoi ? Car on reproche à Audrey Fleurot d'avoir "retouché" son visage et on lui suppose de malheureuses injections. D'avoir "tiré les traits", comme l'énonce l'expression, tant et si bien que la comédienne serait purement et simplement... Méconnaissable.
Florilège de ces réflexions qui manquent un brin de tact : "Mais ?! Je ne l'ai même pas reconnue tellement elle est botoxée....triste", "C'est horrible ! pourquoi Audrey a fait ça ?", "Oh mon dieu elle s'est détruit le visage", "Non mais des barres… c’est grotesque ou dramatique, je sais pas. Elle était sublime en plus. Quel gâchis sérieux !", "Non j’ai envie de pleurer ! une femme tellement belle au naturel c’est un fléau .."
"Oh nan mais elle a fait quoi comme carnage ? Trop dommage c’était une belle femme", "Le botox qui fixe le visage on se croirait au musée grevin", "Mais nooon ! Pas toi Audrey !! Mais pourquoi ?!?", "Je ne l'avais pas reconnue"
Critiquer le physique des femmes : on connaît, malheureusement. Leur corps, leur apparence, leur sexualité présumée... Mais au sein de ce "body shaming", cette culpabilisation qui touche en grande partie les jeunes femmes, il y a un phénomène trop ignoré : le Botox shaming.
Oui oui, c'est réel. Et ca prend tellement de formes...
"On est dur avec les actrices : elles n’ont pas le droit de vieillir et, en même temps, il ne faut pas qu’elles fassent de chirurgie", avait déjà confessé l'actrice française au Parisien en septembre.
Audrey Fleurot pointe du doigt tout le paradoxe du phénomène : quand les femmes ne correspondent pas aux diktats de beauté imposés ou au culte du "jeunisme", elles sont aussi fustigées que lorsqu'elles répondent aux pressions patriarcales... Dont la chirurgie est le symbole.
Et cela, c'est une belle démonstration de ce qu'est le Botox shaming : le fait de faire culpabiliser une femme - encore ! - car elle a eu recours à des interventions de chirurgie esthétique. Pour mieux s'aimer, mais aussi, consciemment ou non, répondre aux injonctions relatives à l'apparence, l'image... Ces notions qui hélas sont encore fondamentales dans l'industrie du cinéma et de la télévision, par exemple.
Audrey Fleurot ne sera ni la première, ni la dernière à en faire l'objet. Il y a dix ans, on reprochait pour la première fois à Renee Zellweger, alias Bridget Jones, de présenter un visage "massacré" par un abus de chirurgie esthétique. "Méconnaissable", "grotesque", "détruite", "monstrueuse", les qualificatifs se multipliaient dès lors et honnêtement, ce sont les mêmes que l'on retrouve dix ans plus tard.
Son amie Courtney Cox, ciblée par les mêmes attaques, lui venait alors en aide : "Il y a une vraie pression pour maintenir son physique, pas simplement à cause de la célébrité, mais en étant une femme dans ce business. Vieillir n'est pas la chose la plus facile".
"Les gens peuvent être vraiment méchants, maintenant qu'il y a tous ces réseaux sociaux. Les commentaires... Si je veux me sentir vraiment mal, j'ai juste à cliquer sur les commentaires sur Daily Mail !", concluait la star de Friends.
Sa consoeur Jennifer Aniston, alias "Jenny", subira elle aussi à maintes reprises le même sort... Et les analogies se multiplient : par-delà le fait que ces "critiques" sont en grande partie féminines (où est la sororité ?), elles s'adonnent également à rappeler ô combien la personne concernée était "belle" voire "magnifique" à l'origine... Comme si seule son apparence physique comptait.
Et comme si, par-delà ce physique, la personne... N'importait plus du tout. Le caractère tragique de ses messages contient presque une sorte de dimension funèbre : après la chirurgie, le déluge.
Désormais, la personne cernée par tous les regards ne sera... Qu'un "monstre". Et autres termes déshumanisants comparant des femmes à des créatures de Frankenstein, énorme lexique de cinéma d'horreur à l'appui. Sans que cette violence soit forcément modérée ou comprise.
Alors que l'emploi de la chirurgie esthétique se retrouve dénoncée par quelques grandes actrices, comme Jamie Lee Curtis, et que certaines multinationales en modèrent l'impact - on pense à la suppression des filtres inspirés de la chirurgie esthétique sur Instagram - d'autres voix s'élèvent pour dénoncer ces doigts pointés pour les mêmes raisons, toujours, et qui virent dangereusement... Au cyber harcèlement sexiste.