Judith Godrèche scandalisée.
En 2023, l'actrice chère au cinéma français des années 90 bouleversait le monde de ce même cinéma, sphère finalement très étroite. Comment ? En accusant deux des cinéastes phares de sa carrière, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, de viols et d'agressions sexuelles.
Dans les pages de Libé, Le Monde, Télérama, Judith Godrèche dévoilait l'ampleur de violences allant de l'emprise aux agressions sexuelles, de la prédation à la manipulation psychologique - dans l'intimité concernant Benoît Jacquot, sur les plateaux de tournage, concernant Jacques Doillon. Et ce, même avant ses quinze ans. Judith Godrèche avait donc porté plainte en février 2023 contre le cinéaste Benoît Jacquot, pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité".
Et aujourd'hui, la comédienne est sidérée : elle vient d'être mise en examen, au sujet de Jacques Doillon...
Mais pourquoi ?
C'est un choc pour l'une des porte-paroles du mouvement #MeToo en France.
Celle qui, à l'unisson d'Adèle Haenel (depuis 2019, et sa prise de parole dans Médiapart), dénonce les violences sexuelles et patriarcales qui touchent le milieu du cinéma français, vient de s'expliquer sur Instagram concernant l'actualité "sidérante" qui la concerne : "Dernière minute ! Je suis mis en examen pour « commentaires contenant des allégations ou imputations de faits susceptibles de porter atteinte à l'honneur ou à la réputation de M. JD, Jacques Doillon."
Et d'étayer : "En 2024, j'ai effectivement déclaré sur Instagram : « En 2022, ce journal a écrit que la spécialité de Doillon était de filmer avec des enfants. Il manque une phrase : “avec qui il couche.” » J'en sais quelque chose, pourtant. D'un côté, mon procès contre lui est prescrit. De l'autre, la justice ne perd pas de temps avec son procès contre moi. Pensez-vous que cela encouragera les victimes à signaler les violences subies, ou que cela les dissuadera ? « Trop tard, tais-toi ! »"
Et dans une autre publication encore, Judith Godrèche tient à préciser sa pensée, forcément accablée. Elle qualifie volontiers cette décision de victim blaming : ce phénomène qui vient inverser les rôles entre victime et agresseur, faisant peser la culpabilité sur cette première moité de l'équation. Ce que subissent énormément de victimes de violences sexuelles.
Judith Godrèche, donc, d'énoncer cela ainsi : "Il y aura donc un procès où il sera la victime, et moi l'accusé. Néanmoins, j'ai hâte de venir dire la vérité sur son comportement. D'ailleurs, je ne serai peut-être pas la seule à le faire."
Et ses très nombreux followers sur Instagram de s'exprimer avec indignation : "C'est une honte !", "Quel scandale", "C'est le monde à l'envers", "Soutien total", "C'est insupportable", "Ce monde défend les bourreaux", lit-on au fil des abondants commentaires.
Elle accuse le cinéaste Jacques Doillon depuis plusieurs années déjà d'agressions sexuelles, lesquelles seraient survenues notamment lors d'auditions, avait témoigné l'actrice, l'espace de déclarations au Monde et à Télérama.
"Sur le tournage du film La fille de 15 ans, Jacques Doillon a engagé un acteur, il l'a viré et il s'est mis à la place. Tout d'un coup, il décide qu'il y a une scène d'amour, une scène de sexe entre lui et moi. On fait 45 prises. J'enlève mon pull, je suis torse-nu, il me pelote et il me roule des pelles", avait témoigné l'actrice.