3 bonnes raisons de voir le joli film d'animation "Les Secrets de mon père"

Publié le Mercredi 21 Septembre 2022
Comment raconter la Shoah sans traumatiser ? Comment éduquer sans effrayer ? En adaptant la BD émouvante de Michel Kichka, Véra Belmont signe un joli film d'animation sur la transmission et la mémoire.
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Pour son tout premier film d'animation, Les Secrets de mon père, la réalisatrice Véra Belmont (Rouge Baiser, Milena, Survivre avec les loups) adapte la bande dessinée autobiographique de l'illustrateur belge Michel Kichka. On y va ?

Pour sa petite histoire dans la grande

Dans son roman graphique Deuxième Génération, ce que je n'ai pas dit à mon père (2012, Dargaud), Michel Kichka raconte son enfance dans les années 60 aux côtés de son père, survivant d'Auschwitz. Un papa taciturne qui refusait d'évoquer ce passé si douloureux devant ses enfants, devenant ainsi fuyant, absent.

De ce récit, la réalisatrice Véra Belmont a choisi de se focaliser sur les enfants avant tout, de retranscrire leur quotidien joyeux et insouciant, les amourettes, les gamineries et leur ressenti. "Ce ressort permet de prendre du recul sur les évènements", souligne-t-elle. "Il était capital de ne pas raconter l'histoire au premier degré, d'une manière trop frontale."

Pour sa jolie animation

Raconter son enfance en bande dessinée était apparu à Michel Kichka comme "comme le meilleur moyen de toucher le coeur des lecteurs de tous âges, par le biais de l'humour, la poésie, la distanciation et l'imagination afin de créer un rapport intime et personnel avec le lecteur." Un joli médium que Véra Belmont a tenu à conserver pour son adaptation sur grand écran.

"Le choix de l'animation n'est pas neutre. En effet, par son élégance et sa précision, le dessin permet de représenter 'l'irreprésentable' et d'aborder les questions les plus graves avec légèreté et humour à l'instar de Maus d'Art Spiegelman. Cette distance est nécessaire pour ne pas accabler le spectateur sous le pathos, pour lui donner l'occasion de rire et de réfléchir", confie la réalisatrice.

En collaborant avec Marc Jousset du studio d'animation "Je suis bien content" et producteur du merveilleux Persépolis de Marjane Satrapi, Véra Belmont a réussi son pari, mêlant animation joliment rétro et tonalité tragi-comique.

Pour le travail de mémoire

Le devoir de transmission est au coeur des Secrets de mon père. Comment raconter l'indicible ? Comment montrer l'innommable ? C'est avec une agilité d'équilibriste que la réalisatrice Véra Belmont s'est attaquée à la Shoah, sujet qui lui tenait à coeur, elle, la fille d'immigrés juifs biélorusses communistes. Pour elle, adapter l'émouvante BD de Michel Kichka participait d'un indispensable travail de mémoire. "Aujourd'hui il est vrai que cette parole s'éteint de plus en plus, c'est pour ça que, moi, je veux continuer à la faire vivre. Pour cela, il faut en effet toucher un large public. Toutes les générations doivent savoir afin que ça ne se reproduise plus".

Michel Kichka, qui a donné tout sa confiance à la réalisatrice pour l'adaptation au cinéma, ne peut qu'abonder. "Le livre, tout comme le film, est l'histoire d'un traumatisme et d'une résilience, basée sur des faits réels. Il porte un message universel et est une belle leçon pour la jeunesse d'aujourd'hui."

Les Secrets de mon père

Un film réalisé par Véra Belmont

Avec les voix de Michèle Bernier, Jacques Gamblin