Constanza Concha, l'activiste qui milite pour l'acceptation de l'acné

Publié le Mardi 27 Avril 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Constanza Concha, la jeune femme qui milite pour l'acceptation de l'acné (@skinnoshame)
Constanza Concha, la jeune femme qui milite pour l'acceptation de l'acné (@skinnoshame)
A seulement 18 ans, l'influenceuse vénézuélienne Constanza Concha fédère des milliers de followers en portant une cause admirable : l'acceptation de l'acné et des problèmes de peau dans une société aux normes étouffantes. Un profil "skin positive" inspirant au possible.
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Constanza Concha est une jeune fille de 18 ans originaire de la ville de Caracas, la capitale du Venezuela. Depuis sa plus tendre enfance, elle souffre d'un trouble dermatologique plutôt rare et particulièrement virulent, l'acné dite "conglobata", source de douleurs physiques diverses. Une situation compliquée qui a également engendré en elle des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), par définition complexes à contrôler.

Mais plutôt que de fuir le regard d'autrui, cette influenceuse beauté pas comme les autres a décidé de faire de ses différences une véritable fierté. Sur Instagram, elle relaie mantras, conseils et bonnes ondes à travers un compte suivi par plus de 58 000 followers : @skinnoshame. Traduction ? Aucune honte pour sa (ma) peau.

On associe dès lors la créatrice solaire à un large mouvement hérité du body positive, et qui ne cesse d'évoluer depuis des années, des réseaux sociaux à l'univers de la mode : le skin positive. Influenceuses, vidéastes, mannequins, photographes et créatrices diverses s'évertuent ainsi à évoquer et banaliser toutes les peaux, et notamment les peaux sujettes aux problèmes d'acné, aux taches, aux cicatrices.

Et Constanza Concha n'est pas la moindre de ces jeunes voix.

"Une valeur à enseigner à l'école"

La positivité de la peau, ou skin positivity, consiste à décomplexer celles et ceux qui souffrent de problèmes de peaux, mais aussi à redéfinir les diktats de beauté, les conventions physiques et les normes de la mode. Une lutte qui prend principalement place en ligne, dans le cadre de l'activisme digital. Constanza Concha est de ces paroles engagées et influentes, depuis plus de trois ans déjà. Interrogée par le magazine Glamour, elle explique que l'acceptation de cette diversité "est une valeur importante que l'on devrait même enseigner à l'école".

Et la jeune Vénézuélienne sait de quoi elle parle : entre deux cours déjà, dès l'âge de neuf ans plus précisément, elle souffrait certes de ses soucis de santé (l'acné dont elle fait l'objet génère notamment des kystes douloureux), mais surtout des moqueries et jugements cruels des autres enfants. Et pour ainsi dire, de tout un système, celui des adultes, dictant les conventions physiques et isolant celles et ceux qui les transgressent. Dure émancipation.

"Vous n'êtes pas le problème, et votre peau non plus"

"Je ne comprenais pas pourquoi les gens me rejetaient à cause de ça. Au départ, j'étais plus concentrée sur la douleur physique que sur les commentaires des autres. C'est ma famille m'a appris à accepter l'acné. Ils m'ont donné tout le soutien nécessaire, jusqu'à ce que je trouve mon petit coin sur Instagram, où j'ai rencontré des gens incroyables. J'ai donc décidé de partager mon histoire", raconte-t-elle au média Kristin and Company.

Résultat, quelques années d'éveil des consciences, l'espace de publications abondamment likées. Et, malgré les trolls et les paroles médisantes, une quête permanente de positivité et de protection de soi. "La recherche d'un environnement sain, sans avis toxiques, vous fait comprendre que vous n'êtes pas le problème, et votre peau non plus !", détaille-t-elle en ce sens. Une philosophie qu'elle chouchoute malgré son anxiété, permanente. Entre deux échanges conviviaux, quelques séances de yoga et exercices de respiration l'aident à prendre le large.

Plutôt que de positivité, terme passe-partout, l'instigatrice de @skinnoshame privilégie d'ailleurs un terme : la "réalité corporelle", qu'elle valorise volontiers dans sa bio Instagram. Corps et peau, sans filtre.

"La même peau que vous"

Si la conglobata fut contractée à ses neuf ans, cela fait depuis l'âge de six ans que son acné l'accompagne au quotidien. Et son adolescence ne fut pas, on s'en doute, la plus heureuse des périodes à vivre. "Cette forme d'acné a eu un impact sur toutes les sphères de ma vie et c'était vraiment difficile pour moi à l'époque d'expliquer ce que j'avais sur le visage parce que moi-même, je ne le savais même pas", raconte-t-elle à Oh My Mag UK. D'autant plus que bien des anonymes, fuyants, pensaient que l'adolescente souffrait d'une infection cutanée contagieuse.

De l'eau a fort heureusement coulé sous les ponts depuis. Tant et si bien qu'aujourd'hui, la créatrice est optimiste et relaie ce qui importe tant à ses yeux : la beauté intérieure ("Si je suis en paix avec la personne que je suis, alors personne d'autre ne devrait avoir", assure-t-elle), la lutte contre le body shaming, la préservation de la santé mentale, la solidarité et bien sûr, la sororité. Elle sait que son seul compte Instagram, à l'enthousiasmante visibilité, est à même de déboulonner bien des complexes et des stigmatisations. Et cela la rassure.

"Je ne veux pas que quelqu'un traverse la solitude que j'ai pu connaître, et se sente mal dans sa peau comme je l'ai été. Si vous avez accès à des représentation qui vous ressemblent, si ce quelqu'un a pu éprouver les mêmes difficultés que vous, ou a la même peau que vous, je pense que votre état d'esprit peut changer et que vous serez tout de suite plus à l'aise avec vous-même", dit-elle du côté du magazine lifestyle Shape.

La "skin positivity" a bien des vertus.