Acné, hyperpigmentation : cette photographe magnifie la peau et ses imperfections

Publié le Mardi 17 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les portraits ultra "skin positive" de Sophie Harris-Taylor.
Les portraits ultra "skin positive" de Sophie Harris-Taylor.
Sur Instagram, cette photographe nous réjouit avec ses portraits de femmes "skin positive" à souhait. Très inspirant.
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Sensible et authentique. C'est ainsi que l'on qualifiera le travail exemplaire de la photographe Sophie Harris-Taylor. Sur son compte Instagram, Celle-ci partage des clichés à fleur de peau. Littéralement. Effectivement, l'artiste américaine livre de très beaux portraits de jeunes femmes souffrant d'acné, d'hyperpigmentation et d'affections cutanées diverses. Le tout prend la forme d'une série de vingt photos au nom éloquent : Epidermia.

En décochant ces focus au royaume des filtres et des selfies retouchés, Sophie Harris-Taylor secoue Instagram à grands coups de "skin positivity". Inspiré du body positive, ce mouvement consiste à dévoiler sans fard les cicatrices et autres "imperfections" qui ponctuent notre peau, dans un grand élan de libération, d'acceptation de soi et de bienveillance réciproque. Et c'est précisément cela que l'on retrouve au gré de ces "épidermes" anonymes.

Une ode aux peaux différentes

Puisque chacun des portraits mis en ligne sur Instagram est accompagné du témoignage de la jeune femme immortalisée, on constate très vite les effets positifs de ce shooting - forcément placé sous le signe de la sororité. Alors qu'Ezinne remet en question sa "compréhension de la beauté" et qu'Issey revient sur son acceptation sereine de l'eczéma (qui n'est plus à ses yeux "un défaut à combattre constamment"), leur consoeur Annie relate sa rupture progressive avec le sacro-saint maquillage. Plus jeune, elle ne quittait jamais sa chambre sans un brin de make-up. Mais aujourd'hui, elle préfère "laisser [sa] peau respirer".

Le caractère intimiste et pudique de ces photographies confère à celles-ci un aspect très introspectif. Sorte de "zone de confort", le dispositif photographique facilite cette réconciliation nécessaire avec une peau qui, longtemps, fut source de haine et de complexes.

Mettre en avant la beauté de ces épidermes tous différents permet de libérer la parole. Celle de Lex par exemple, qui nous raconte la maladie de peau incurable dont elle est atteinte depuis son jeune âge. Et qui, des années durant, a "détruit [sa] confiance [en elle]". En participant à cette série de photos, elle a l'impression de reprendre le contrôle de son apparence. Et elle n'est pas la seule. Car comme l'indique Sophie Harris-Taylor à Glamour, ce projet éclot d'une envie très personnelle. Plus jeune, la photographe elle-même complexait énormément à propos de ses soucis de peau (une acné sévère). Et l'absence de "role models" sur lesquelles s'appuyer pour combattre ce mal-être ne faisait qu'empirer les choses. Avec ses créations, elle désire dès lors promouvoir la diversité et déconstruire les normes physiques que nous vendent les publicités. Idéal pour une jeune audience.

Alors que la mannequin Adwoa Aboah n'hésite pas, elle aussi, à avouer et assumer les "imperfections" qui marquent son front, son nez et ses joues, les bonnes ondes du "skin positive" semblent se diffuser sur les réseaux sociaux avec une énergie des plus stimulantes. Et Sophie Harris-Taylor de nous le confirmer : "C'est extrêmement libérateur. J'ai reçu des centaines de messages incroyables de la part de gens du monde entier me disant à quel point ils étaient reconnaissants d'avoir vu ces images". On approuve.