Pourquoi il ne faudrait plus dire "droits de l'Homme" mais "droits humains"

Publié le Vendredi 11 Décembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Un collectif en appelle à changer "Droits de l'homme" pour "Droits humains".
Un collectif en appelle à changer "Droits de l'homme" pour "Droits humains".
Les mots comptent. C'est ce sur quoi insiste auprès de l'ONU un collectif, soutenu par de nombreuses associations et personnalités publiques. L'idée de ces voix militantes ? Repenser l'intitulé polémique des fameux "Droits de l'Homme" pour le rendre plus inclusif.
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S'il y a bien un intitulé sacré, c'est celui des "Droits de l'Homme", intouchable et précieux concept indissociable de notre démocratie. Et pourtant, si ce qu'il incarne demeure, sa dénomination, elle, varie volontiers selon les nations. Outre-Atlantique par exemple, on parle "d'Human Rights" : de droits (des) humains. Ce détail vous semble quelque peu anecdotique ? Ca ne l'est pas du tout aux yeux du collectif Droits Humains.

Tant et si bien qu'aujourd'hui, l'association, présente sur les réseaux sociaux, lance une pétition afin que le titre de "Droits de l'Homme" soit remplacé par le plus inclusif et universel "Droits humains". Le texte mis en ligne à l'occasion de la Journée internationale des droits humains, qui prenait place le 10 décembre, a déjà récolté bien des signatures, et pas des moindres : associations, voix politiciennes, figures militantes, intellectuelles...

Le but ? Interpeller le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour le convaincre du bien-fondé de ce changement de formulation. "Monsieur le secrétaire général des Nations unies, proclamez la Déclaration universelle des droits humains !", insiste ainsi la pétition, rappelant en guise d'argument majeur la signature historique par les Nations Unies, le 10 décembre 1948 à Paris, de la "Universal Declaration of Human Rights", autrement dit "le texte le plus important, qui établit des droits pour l'ensemble de la population humaine".

Pas qu'une question de mots ?

A en lire le texte du collectif, l'énoncé de "droits de l'Homme" serait obsolète, indissociable d'une époque où les femmes se voyaient exclues desdits droits, une tradition "qui reconnaissait des droits aux seuls hommes". Le poids des mots empêcherait une nécessaire et symbolique transition, mais surtout une considération explicite des évolutions de la société. De la Déclaration universelle des droits de l'homme à la Déclaration universelle des droits humains, c'est l'histoire qui s'écrit.

La formule française ferait ainsi passer pour une simple "continuité" une courbe historique pourtant parcourue de révolutions diverses, à l'instar des luttes menées par les citoyennes et féministes pour la reconnaissance de l'égalité des sexes. Et ce sans compter sur les révolutions plus contemporaines encore : les combats pour la reconnaissance des personnes LGBTQ et non-binaires par exemple. Autant de mobilisations et d'identités "que la formulation 'droits humains' permettrait d'inclure", achève ce texte éclairant. Et quoi de plus important à l'heure des nouvelles révolutions féministes que de ne plus faire de l'homme "la référence de l'humanité" ?

La question est posée. Et au sujet de cette actualisation, bien des paroles répondent déjà l'affirmative. Parmi les signataires se retrouvent ainsi les noms de la journaliste Lauren Bastide (Nouvelles Ecoutes), du sociologue Eric Fassin et du secrétaire national d'Europe Écologie Les Vert·es Julien Bayou, mais aussi de la journaliste Giulia Foïs (que l'on peut entendre sur France Inter) et de la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie.