Pourquoi les parents racisés seraient beaucoup plus fatigués

Publié le Mardi 31 Janvier 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Certains parents seraient beaucoup plus épuisés que d'autres, révèle un récent sondage. Une étude éloquente qui met en lumière le poids de la charge mentale liée aux discriminations raciales.
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Nous ne sommes pas toutes et tous égaux face à la parentalité. C'est ce que démontre un sondage américain édifiant ayant pris en compte la voix de pas moins de 3 757 parents.

Selon ce sondage relayé par Slate, les parents non-blancs seraient davantage enclins à éprouver stress et inquiétudes. Et plus précisément, les mères non-blanches. Des angoisses que partageraient moins les personnes blanches interrogées dans le cadre du questionnaire, portant sur leur santé, leurs craintes, le regard qu'ils vouent à leur progéniture... Une donnée qui interroge la notion de "privilège blanc".

"Les parents noirs et hispaniques seraient plus susceptibles de craindre pour la sécurité de leurs enfants. De même les parents à faible revenu sont beaucoup plus préoccupés par un large éventail d'angoisses - la crainte que leurs enfants soient victimes d'intimidation, kidnappés, battus, aient des ennuis avec la police par exemple - que les parents à revenu moyen ou élevé", analyse ce sondage minutieux.

Une donnée qui tend à considérer la portée politique et sociale de la charge mentale. Une charge étroitement liée aux discriminations que subissent les personnes racisées dans la société en général, au quotidien.

Une charge mentale et émotionnelle

"On observe des clivages substantiels. Les parents noirs et hispaniques ont exprimé plus d'inquiétude que les parents blancs ou asiatiques au sujet de leurs enfants, avec des craintes telles que le harcèlement, l'anxiété et la dépression, ou encore les coups. D'autres groupes souffriraient de différentes formes d'anxiété : les parents asiatiques seraient plus susceptibles que les parents d'autres groupes ethniques de dire qu'ils se sentaient jugés par leurs propres parents", rapporte encore cette étude intéressante.

Cependant, ce sondage aboutit à une réflexion qui peut sembler contradictoire : plus les parents éprouvent des difficultés ou de l'anxiété à tenir leur rôle et toute la charge qui va avec, plus ils se sentent comblés. Les parents noirs (39 %) et hispaniques (39 %) seraient effectivement plus susceptibles que les parents blancs (18 %) et asiatiques (13 %) de dire qu'ils trouvent "qu'être parent est toujours agréable", relate ce document.

Des résultats étonnants qui en disent long sur les contradictions que peuvent générer la parentalité. Effectivement, "les joies de la parentalité sont inextricablement liées à ses frustrations et à ses angoisses", observe en ce sens le site Five Thirty Eight. La question sociale est plus épineuse cependant. Selon le média, il faudrait voir là une sorte de syndrome parental de Stockholm, "où les parents qui vivent dans les conditions les plus difficiles apprennent à aimer leur misère". Une problématique qui devrait faire débat.