Le quinquennat Macron jugé "largement insuffisant" par les assos féministes

Publié le Vendredi 04 Mars 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Le quinquennat Macron jugé "largement insuffisant" par les assos féministes
Le quinquennat Macron jugé "largement insuffisant" par les assos féministes
Un nouveau rapport publié par cinq associations, dont Oxfam France, dissèque le bilan du quinquennat Macron. Et notamment sa grande cause, l'égalité femmes/hommes. Et le verdict est sans appel.
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Un nouveau rapport publié par cinq associations (Oxfam France, Equipop, et CARE France, avec la participation d'associations telles que la Fondation des Femmes, le Planning familial et ONE France), interroge d'un point de vue critique l'apport du quinquennat Macron à l'égalité femmes/hommes en France, pourtant déclarée "grande cause du quinquennat". Sont notamment pointés du doigt le budget dédié à cette cause, ne représentant que 0,25% du budget général de 2022, la composition peu paritaire des cabinets ministériels (80 % sont dirigés par des hommes) ou encore l'insuffisance numérique des principales solutions proposées aux femmes victimes de violences conjugales.

Effectivement, quatre femmes victimes de violences sur dix faisant la demande d'une place d'hébergement d'urgence ne se voient proposer aucune solution, signe d'un manque de places évident, et ce malgré le fait que ce sujet crucial soit régulièrement abordé par les ministres Marlène Schiappa et Elisabeth Moreno, mais surtout par les associations féministes.

Un panorama critique donc : celui d'une "grande cause pour un petit bilan". "Le verdict est sans appel : le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron est largement insuffisant", cingle le rapport.

Un bilan mitigé

En outre, comme le laisse supposer une mobilisation digitale forte telle que #DoublePeine, la formation des forces de l'ordre concernant l'accueil des victimes de violences (conjugales, sexistes, sexuelles) est encore jugée insuffisante, voire dégradante pour les principales concernées. Celle du personnel judiciaire également. De plus, le déploiement d'un outil de protection tel que le bracelet électronique anti-rapprochement, mis en avant par Marlène Schiappa, est lui aussi jugé insuffisant.

Or, la situation est urgente : c'est une femme qui est tuée par son conjoint ou ex-conjoint tous les trois jours sous le quinquennat d'Emmanuel Macron. "Le budget dédié à l'égalité reste trop faible pour 'la grande cause du quinquennat'. Les moyens alloués à la lutte contre les violences conjugales sont très loin du milliard d'euros nécessaire", détaille le rapport, qui fustige des "mesures pas très ambitieuses ni suffisamment financées".

"Les dispositifs de protection ne concernent que 2% des cas de violences conjugales en France et l'accueil et la prise en charge des femmes sont toujours très problématiques. En outre, concernant la lutte contre les inégalités économiques, entre effets d'annonce, demi-mesures, voire mesures contre-productives, le compte n'y est pas non plus. A ce rythme, les inégalités économiques entre les femmes et les hommes ne sont pas près de se résorber", peut-on encore lire.

Cependant, quelques points positifs émergent tout de même de ce rapport sévère. Par exemple ? En cinq ans, le budget alloué au ministère de l'égalité femmes-hommes est passé de 27 à 50 millions d'euros. Les gouvernements d'Édouard Philippe et de Jean Castex ont exprimé une certaine parité, qui se ressent dans le groupe LREM (48% de femmes députées).

A cela faut-il ajouter plusieurs avancées, comme la mise à disposition 7 jours/7 du numéro d'écoute national 3919, la création par Marlène Schiappa d'une loi contre le harcèlement de rue (l'infraction pour outrage sexiste), le vote de la PMA pour toutes, l'interdiction des thérapies de conversion visant les personnes LGBT+, ou encore l'annonce récente par le président de la République d'une stratégie nationale de lutte contre l'endométriose.

"Le bilan est encourageant avec l'adoption de mesures très attendues comme l'allongement des délais pour l'IVG ou l'élargissement de l'accès à la PMA. Mais ces enjeux ont souffert de lenteurs et de contradictions", observe à ce titre le rapport. Les associations exigent cependant à l'avenir l'apport d'un poids budgétaire plus important, l'augmentation par trois du nombre de places d'hébergement d'urgence disponibles et l'instauration de tribunaux contre les violences faites aux femmes.

"Les actions menées, même si certaines sont à saluer, n'ont globalement pas été à la hauteur des enjeux et encore moins si on les met au regard d'une présidence qui se voulait féministe", achève le rapport.