Elle sensibilise à l'enfer de l'endométriose... avec son maquillage

Publié le Mercredi 18 Décembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Montrer la maladie... avec du maquillage.
Montrer la maladie... avec du maquillage.
Comment dire la douleur de l'endométriose, cette maladie chronique trop méconnue et incomprise, dont souffrent tant de femmes à travers le monde ? Avec du maquillage, peut être. C'est tout du moins l'idée (maligne) de cette jeune artiste.
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D'habitude, le maquillage sert à masquer les potentielles "imperfections". Cacher, dissimuler. Mais chez Andrea Baines, c'est tout l'inverse : la maquilleuse américaine s'en sert pour dévoiler. Et plus précisément pour montrer de la façon la plus frontale qui soit la réalité d'une maladie qui concerne pas moins d'une femme sur dix : l'endométriose. Un mal dont l'artiste souffre depuis ses 21 ans. Et afin de nous faire comprendre l'intensité des douleurs qu'elle éprouve, la jeune femme a eu recours à des effets plutôt "spéciaux". Voyez plutôt.

Sur la série de photographies (très graphiques) que la maquilleuse partage sur son compte Instagram, la chair est à vif. Maquillé comme dans un film d'horreur, le ventre de la modèle Rachel Miller est sanguinolent. On distingue au niveau du nombril trois entailles profondes, comme d'épaisses griffures. Des clichés "choc" qui en disent plus que mille discours...

La douleur de vivre

 

"Je voulais transmettre la douleur de vivre avec l'endométriose, les cicatrices que l'on ne voit pas, l'agonie d'une maladie invisible", explique d'ailleurs la maquilleuse dans sa publication.

Cette "douleur de vivre" rouge sang, confectionnée au sein d'un studio de maquillage, agresse le regard et éveille les consciences. Au fil des photos, on voit la malade (factice) sourire et faire gonfler ses biceps, malgré ses plaies béantes. Une manière comme une autre de rendre hommage à toutes celles qui luttent au quotidien contre cette souffrance trop incomprise, accablées mais pas anéanties, vaillantes, lumineuses. Et de leur rappeler, au passage, qu'elles ne sont pas seules.

 

Andrea Baines illustre l'endométriose à grands coups de make up.
Andrea Baines illustre l'endométriose à grands coups de make up.

"Après quelques mois difficiles passés à subir cette endométriose, j'ai décidé que je voulais essayer de montrer aux gens ce que l'on ressent "à l'intérieur". Parfois, la douleur m'immobilisait carrément au lit. Le fait que cette maladie soit invisible peut être très difficile à gérer car les gens pensent que vous allez bien", explique encore la jeune femme de 34 ans au site Tyla.com. Une illusion qui fait mal : certains l'ont même accusé de mentir.

L'endométriose n'affecte pas simplement le physique (par d'intenses nausées, des maux terribles à l'estomac, des douleurs pelviennes, une incontinence anale, une grosse fatigue), non : la souffrance qui en ressort est également très forte "émotionnellement parlant", commente la trentenaire. Un terrible handicap encore trop peu pris en compte au sein de notre société.

Mais le cri d'alarme d'Andrea Baines, lui, n'est pas passé inaperçu. Il a été commenté des centaines de fois. Les internautes saluent l'initiative de l'artiste - certainement son projet le plus personnel. Celle-ci semble satisfaite des portraits qu'elle intitule sur Instagram "la guerrière". Une incarnation des "coups de poignard" qu'elle a l'impression d'éprouver en vivant avec l'endométriose. Même après avoir subi trois interventions chirurgicales.

Aujourd'hui, par ses créations, la maquilleuse désire avant tout "susciter l'intérêt des gens et se connecter avec toutes ces femmes qui souffrent également". Histoire d'être plus fortes, toutes ensemble.