Les femmes souffrant d'endométriose sont "doublement ciblées" par les groupes sectaires

Publié le Lundi 21 Novembre 2022
Maïlis Rey-Bethbeder
Par Maïlis Rey-Bethbeder Rédactrice
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Les femmes souffrant d'endométriose sont "doublement ciblées" par les groupes sectaires
Dans son nouveau rapport, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires note que les femmes touchées par l'endométriose seraient "doublement ciblées" par les groupes sectaires leur promettant des "remèdes miraculeux".
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La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a publié son rapport d'activité annuel en début de mois. Et parmi ses points de vigilance, elle a particulièrement insisté sur le comportement des sectes à l'égard des femmes victimes d'endométriose.

1,5 à 2,5 millions de femmes souffrent d'endométriose en France, selon le ministère de la Santé. Malgré cela, cette maladie gynécologique reste méconnue et son diagnostic tardif. Un phénomène dont s'emparent malheureusement les arnaqueurs. Ainsi certaines femmes se tournent vers des médecines alternatives "qui exploitent leur détresse avec des remèdes 'miraculeux', et surtout très onéreux", rapporte la Miviludes sur Twitter. Elle explique aussi que les femmes seraient "doublement ciblées" puisqu'à cela s'ajoute un "dévoiement du féminisme à des fins mercantiles".

L'exploitation de la théorie du "féminin sacré"

Ainsi la Mission interministérielle mentionne avoir traité 11 signalements relatifs aux "tisseuses de rêve", "mandalas de femmes" ou encore aux "cercles d'abondance". "Afin de séduire un public, majoritairement de femmes, en quête de spiritualité et de bien-être, les échanges au sein du groupe sont présentés comme des 'expériences magiques et merveilleuses' au travers d'activités de méditation, de yoga et de discussions sur les énergies", précisent les auteurs du rapport.

Mais derrière ces promesses se cache un système de "pyramide de Ponzi", qui rémunère la tête du réseau grâce aux dons des nouveaux entrants.

La Miviludes a constaté que "la théorie du féminin sacré est en pleine expansion et trouve un véritable succès sous couvert de l'émancipation des femmes, alors même que l'objectif premier semble être purement financier". Mais les saisines reçues par l'organisme font état de "stages" et de "pratiques non réglementées".

"Une vigilance s'impose. En effet, il est recommandé que le dépôt de la parole liée à un événement traumatique se fasse auprès d'un professionnel qui saura assurer l'écoute et l'accompagnement de la personne", souligne le rapport. "Or, durant ces stages, il est affirmé que si une femme a des règles douloureuses, c'est qu'elle n'est pas 'en accord avec sa nature profonde de femme'. En d'autres termes, elle serait responsable de cette souffrance."

Dans une enquête, France Inter évoque "une analyse préliminaire de l'étude ComPaRe sur l'endométriose lancée en 2019 par Marina Kvaskoff, épidémiologiste à l'Inserm à l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif". L'étude révèle que "80 % des femmes atteintes d'endométriose ayant répondu à l'enquête ont eu recours au moins une fois à une pratique alternative comme l'ostéopathie, le yoga, la méditation ou la sophrologie". Certaines de ces pratiques sont autorisées par la Haute autorité de santé (HAS) depuis 2017 et peuvent compléter des soins de médecine dite traditionnelle, mais elle ne peuvent en aucun cas se substituer complètement à elle.

En 2021, la Miviludes a reçu 4 020 saisines, soit une hausse de 33,6 % par rapport à 2020 et de près de 50 % par rapport à 2015.