Les humains responsables du déclin de 68% des animaux vertébrés en 50 ans

Publié le Jeudi 10 Septembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les humains responsables du déclin de 68% de la faune sauvage en 50 ans
Les humains responsables du déclin de 68% de la faune sauvage en 50 ans
Selon un rapport alarmant de l'ONG WWF, l'humanité a causé le déclin de deux-tiers de la faune sauvage. 68 %, un chiffre vertigineux qui ordonne un changement radical dans nos façons de vivre.
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Le rapport Planète vivante du Fonds mondial pour la nature (WWF) vient de tomber, et les conclusions sont dramatiques. Les activités humaines ont causé le déclin de 68 % des populations de vertébrés en moins d'un demi-siècle (entre 1970 et 2016), alerte l'ONG. Soit deux-tiers de la faune sauvage. La faute, principalement, à la destruction d'habitats naturels en faveur de l'agriculture. "Le constat (...) est révoltant et le manque d'action pour inverser la courbe de ce déclin inacceptable", condamne Véronique Andrieux, Directrice générale du WWF France, dans un communiqué.

Compilé en coopération avec la Société zoologique de Londres, cet indice étudie environ 4000 espèces de vertébrés, répartis sur environ 21 000 populations d'animaux à travers le monde. Lors du dernier rapport datant de 2018 (calculé sur la période 1970-2014), la chute de biodiversité s'établissait à 60 %, relève l'Agence France-Presse. En l'espace de deux ans, le phénomène s'est tragiquement accéléré.

La responsable liste les conséquences terribles d'une crise environnementale causée par la surexploitation des ressources de la Terre. "Méga-feux, sécheresse, raréfaction de l'eau, baisse des rendements agricoles, intensification des catastrophes 'naturelles', pandémie COVID-19... Nous sommes des victimes du déclin de la nature, et particulièrement les populations les plus vulnérables." Elle l'annonce : si nous continuons, les pandémies risquent d'ailleurs de se multiplier.

"C'est un écocide"

Auprès de l'AFP, Marco Lambertini, directeur mondial du WWF, résume : "Depuis 30 ans, nous voyons la chute s'accélérer et ça continue dans la mauvaise direction. Nous assistons à la destruction de la nature par l'humanité. (...) De fait, c'est un écocide." Il martèle : "Tous les voyants de notre planète sont au rouge avec le message : échec système." Depuis cinquante ans, "notre monde a été transformé par une explosion du commerce mondial, de la consommation et de la croissance de la population humaine". Et les premières victimes sont les animaux.

Plus précisément, on recense 84 % de pertes pour les espèces d'eau douce, et 94 % d'effondrement en Amérique centrale et latine. Le réchauffement climatique lui, met "jusqu'à 20 % des espèces sauvages en danger d'extinction d'ici la fin du siècle", détaille Marco Lambertini. Alors, que faire ?

"Agir maintenant et à la hauteur des enjeux"

"Ce n'est pas une fatalité car nous sommes aussi des acteurs de changement", affirme cependant Véronique Andrieux, assurant qu'un inversement de la courbe est possible. "Il est urgent et impératif de se mobiliser pour préserver et restaurer les écosystèmes et pour garantir un avenir soutenable pour tou·te·s. Un seul mot d'ordre : agir maintenant et à la hauteur des enjeux !"

Elle propose des mesures concrètes, à une échelle individuelle, collective et gouvernementale : "Les solutions passent par la diminution de la consommation de viande, la lutte contre le gaspillage alimentaire et la transition agroécologique. Nous exhortons les décideurs à prendre leurs responsabilités pour aboutir à un accord ambitieux pour la nature et l'homme lors de la COP15 et mettre la France et l'UE sur la voie d'une PAC (politique agricole commune, ndlr) plus verte, d'une relance réellement au service de la biodiversité et de la lutte contre la déforestation importée."

Des efforts qu'il est, plus que jamais, urgent d'entreprendre.