"Lancez-vous !" : l'Agence spatiale européenne veut recruter des femmes astronautes

Publié le Mercredi 17 Février 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
"Lancez-vous !" : l'Agence spatiale européenne veut recruter des femmes astronautes
"Lancez-vous !" : l'Agence spatiale européenne veut recruter des femmes astronautes
L'Agence spatiale européenne (ESA) lance sa quatrième campagne de recrutement auprès des jeunes Europén·ne·s. Un processus qui vise à faire davantage de place pour les femmes, et "peut-être" les personnes en situation de handicap.
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C'est la première fois depuis 2008 que l'Agence spatiale européenne (ESA) entame une campagne de recrutement. A partir du 31 mars prochain et jusqu'en octobre 2022, de nombreuses candidatures seront examinées, dont ressortiront très peu d'élu·e·s. Pour donner un ordre d'idée, parmi les 8 000 aspirant·e·s de la dernière édition, seuls 10 avaient été embauchés, dont le Français Thomas Pesquet, qui prépare actuellement sa deuxième mission à bord de la Station spatiale internationale prévue au printemps.

Le 10 février, le benjamin (42 ans) du corps européen des astronautes a d'ailleurs partagé l'information sur Twitter, encourageant ses abonné·e·s à passer le pas. "Des volontaires pour devenir nos nouveaux collègues ?", écrit-il. "J'essaierai de donner quelques conseils. Le 1er : Lancez-vous !!". Un impératif qui s'adresse à tous, et particulièrement à toutes, puisque l'ESA entend combler son manque de parité.

10 % des astronautes sont des femmes

La volonté première de l'agence ? "Initier un véritable changement générationnel", et inviter "les femmes à postuler", insiste-t-elle. En 2008, rapporte France Bleu, elles n'étaient ainsi que 16 % à candidater, et sur 570 astronautes oeuvrant au sein de l'institution créée en 1975, seules 10 % sont des femmes. Un ratio qui mérite d'être radicalement révisé pour une sélection "plus représentative de la société", affirme Thomas Pesquet auprès de Franceinfo. "On n'a jamais eu la parité, mais il n'y jamais eu beaucoup de candidates, 15 % maximum", déclare-t-il. "On essaie d'en avoir plus." A bonnes entendeuses...

Autre avancée de taille - toutefois encore hypothétique - l'intégration de personnes en situation de handicap. "Je lance le projet de faisabilité des parastronautes", annonce en ce sens le directeur de l'exploration humaine et robotique à l'ESA David Parker, dans un communiqué. Révolutionnaire.

Le focus sur "l'intelligence émotionnelle"

Une question demeure : quelles compétences avoir pour participer et potentiellement, rejoindre les rangs convoités de l'Agence spatiale européenne ?

D'abord, avoir de préférence entre 27 et 37 ans, et être issu·e des 22 pays membre de l'ESA. Après l'inscription suivront six épreuves : un questionnaire, une évaluation des aspects psychologique, psychotechnique et psychomoteur, exercices de groupe et individuel devant un jury, examens médicaux, et enfin, deux sessions d'entretiens professionnels devant un jury composé d'un membre de la direction de l'agence.

Un parcours de "longue haleine", aussi bien physiquement que psychologiquement, admet Thomas Pesquet, qu'il tient toutefois à dédramatiser. "Il ne faut pas se le représenter comme une montagne, il faut s'inscrire et faire de son mieux. Puis advienne que pourra", encourage-t-il. "Si on rate, ce n'est pas grave. Ce qui est grave, c'est de ne pas faire de son mieux. Il faut mettre toutes les chances de son côté." Et poursuit : "Il faut avoir un niveau raisonnable dans beaucoup de domaines et de disciplines. Ce qui est difficile, c'est d'avoir un spectre extrêmement large. Mais il n'y a aucune épreuve qui est particulièrement insurmontable."

Pour Philippe Perrin, ancien astronaute interrogé par 20 Minutes, il s'agit surtout de savoir réagir sous le stress, de communiquer et d'avancer en toute solidarité. "Aujourd'hui, ce qui est demandé, c'est l'intelligence émotionnelle. C'est la capacité de vivre et travailler en équipage, d'accepter les autres, de s'épauler. On est sur des vols de longue durée, on passe du temps ensemble dans un petit espace".

Il conclut : "Je suis persuadé que le prochain astronaute sera une femme. Thomas Pesquet est exceptionnel. Il a mis la barre très haut. Pour lui faire concurrence, une femme serait la plus appropriée".

Alors, deux mots : lancez-vous !