Elle a inventé les fêtes pour révéler le sexe du bébé et le regrette

Publié le Lundi 29 Juillet 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
L'inventrice des gender reveal parties regrette le concept
L'inventrice des gender reveal parties regrette le concept
En 2019, le genre ne devrait pas être la première chose à être célébrée chez un bébé à naître, explique celle qui est à l'origine du rituel des "gender reveal parties".
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Dans les pays anglophones - et aux Etats-Unis plus particulièrement - les gender reveal parties sont légion. Il s'agit de fêtes où l'on se rassemble autour des futurs parents pour découvrir le sexe du bébé à venir, entre discussions sur le tire-lait et autres cupcakes en forme de couches. La plupart du temps, la réponse tant attendue apparaît au cours d'un lâcher de ballons ou de confettis. "Rose pour les filles, bleu pour les garçons", comme dirait Damares Alves, ministre ultra-tradi de Jair Bolsonaro. Si le code couleur participe clairement aux constructions sociales autour du genre, il y a un autre aspect qui dérange désormais l'inventrice du concept : l'importance que l'on met dans la détermination du sexe d'un enfant, avant même qu'il soit venu au monde.

Lors d'une publication sur son mur Facebook, Jenna Karvunidis est récemment revenue sur le jour où tout a commencé, en 2008. A l'époque, elle était enceinte et venait de célébrer sa première "fête de révélation". Elle a alors eu l'idée de poster son expérience sur un forum. L'histoire était rapidement reprise par The Bump, un magazine américain, et faisait le tour du pays.

11 ans plus tard, rares sont les couples américains à ne pas organiser de "gender reveal parties". Un phénomène qu'elle a tenu à commenter, et qu'elle regrette presque aujourd'hui pour une bonne raison : "Qui se soucie du sexe du bébé ? Je l'ai fait à l'époque parce que nous ne vivions pas en 2019 et que nous ne savions pas ce que nous savons aujourd'hui - que le fait de mettre l'accent sur le genre à la naissance exclut une grande partie du potentiel et des talents des enfants, qui n'ont rien à voir avec ce qui se trouve entre leurs jambes."

Elle poursuit : "Je suis heureuse que ces fêtes de révélation du sexe aient apporté de la joie à certain·es, mais cette joie s'est faite au détriment des personnes non-binaires et transgenres. Même si un problème ne nous affecte pas personnellement, nous devrions tous avoir assez d'humanité pour réaliser que nous n'avons pas à faire souffrir les personnes marginalisées afin de créer de la joie pour nous-même."

Jenna Karvunidis témoigne également de sa propre histoire, expliquant que sa fille Bianca, qu'elle attendait lorsque l'idée du concept lui est venu, contredit elle-même les attentes genrées de la société. "Renversement de situation : le premier bébé au monde à être née après une 'gender reveal party' est une fille qui porte des costards !".

Et qui les porte comme personne, soit dit en passant.