"Je veux juste vivre" : le gospel de Keedron Bryant, 12 ans, après le meurtre de George Floyd

Publié le Lundi 01 Juin 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Keedron Bryant rend un vibrant hommage à George Floyd.
Keedron Bryant rend un vibrant hommage à George Floyd.
"Je suis chassé comme une proie". Ce sont des images qui bouleversent. Keedron Bryant, 12 ans, a rendu un émouvant hommage à George Floyd - et en musique, s'il vous plaît. Une vidéo bouleversante en réponse aux injustices sociales.
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C'est un hommage vibrant, de ceux qui résonnent par-delà les murs. Le 27 mai dernier, Keedron Bryant, 12 ans seulement, a honoré la mémoire de George Floyd en délivrant un très beau gospel. "J'ai juste chanté ce que j'avais sur le coeur", raconte-t-il sur Instagram. Visionnée plus de de 2 millions de fois en moins d'une semaine, sa vidéo mélodieuse dit toute la colère et le désarroi que suscitent les violences policières. Derrière les mots s'énonce la quête d'une justice sociale qui ne vient pas, malgré les luttes et les indignations populaires.

Le jeune garçon afro-américain ponctue d'ailleurs sa performance sonore de quelques hashtags éloquents : #equality (égalité), #racism, #justice, #ijustwannalive (je veux juste vivre) sans omettre l'emblématique #blacklivesmatter : "Les vies des noirs comptent". Aujourd'hui, le nom du mouvement militant afro-américain initié par Alicia Garza, Patrisse Cullors et Opal Tometi se retrouve sur toutes les lèvres.

Et les multiples combats qu'il a inspiré, transmis à travers la voix éloquente de Keedron Bryant : "Je suis un jeune homme noir, je fais tout ce que je peux pour me tenir debout", chante-t-il. Dans son gospel, l'artiste suivi par plus de 200 000 fans exprime la crainte qu'il éprouve en tant que noir ("Je suis chassé comme une proie") et fait honneur au peuple afro-américain qui "a tant lutté". Un discours fédérateur traversé de désespoir.

Salué par Barack Obama himself

"Continue de chanter, continue de nous inspirer, nous avons besoin de ta voix", "J'ai pleuré comme un bébé en écoutant cette chanson. Je suis fatigué et je suis sûr que chaque personne noire qui lira ceci pourra comprendre le type de fatigue dont je parle. Ta voix est belle, continue de partager ce don", "J'adore tellement ! Et je suis si triste de ce monde corrompu dans lequel nous vivons". Sous la vidéo virale, des centaines de commentaires viennent saluer la qualité vocale du jeune garçon - mais aussi la puissance de son discours.

Avec ce cri du coeur lyrique ("Je veux juste vivre. Dieu, protège-moi, je veux juste vivre", chante-t-il encore) nous renvoyant aux racines de la culture afro-américaine, Keedron Bryant réagit à l'unisson de celles et ceux qui, sur la Toile, protestent et se révoltent à la mémoire des (nombreuses) victimes noires des abus policiers. Et parmi ces indignés, l'on compte ni plus ni moins que Barack Obama. Au gré du discours inspirant qu'il est venu partager sur ses réseaux sociaux, l'ancien président des Etats-Unis se permet même d'applaudir le gospel de l'adolescent. Une chanson "puissante", dit-il, nous faisant ressentir sans mal "la frustration" face à tant d'injustices.

Des situations comme la mort de George Floyd poussent donc à l'action. Aux protestations, qu'elles prennent la forme de chants gospel ou de mobilisations. Mais aussi à d'autres formes de soutien. Il est par exemple possible, rappelle IndieWire, de faire des donations aux nombreux mouvements qui luttent pour la sécurité et le respect de la communauté noire, comme Black Lives Matter (en se rendant sur le site "Black Lives Matter LA"), le collectif Black Visions Collective (qui par ses militances assure la visibilité et la considération des personnes noires, queer et trans), ou encore l'association National Bail Out, "dirigée par des Noirs et centrée sur les Noirs", et dont les instigateurs cherchent, entre autres choses, à mettre fin "à l'incarcération de masse".