En Israël, le viol d'une ado par une trentaine d'hommes suscite l'effroi

Publié le Vendredi 21 Août 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Port d'Eilat en Israël où une adolescente de 16 ans a été violée par une trentaine d'hommes
Port d'Eilat en Israël où une adolescente de 16 ans a été violée par une trentaine d'hommes
En Israël, le viol collectif d'une jeune adolescente indigne les militantes féministes, les citoyennes et les politiciens. Plus qu'un fait divers aussi morbide que révoltant : un crime contre l'humanité.
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C'est une affaire qui horrifie et indigne. Dans une chambre d'hôtel d'Eilat, au sud d'Israël, une adolescente de 16 ans a subi un viol collectif. Les agresseurs présumés ? Pas moins d'une trentaine d'hommes. Par-delà la sidération, citoyens et dirigeants politiques dénoncent aujourd'hui plus qu'un fait divers : un "crime contre l'humanité". C'est ce qu'affirme le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, comme le relate ce reportage du journal Libération.

Les détails de cette agression sexuelle glacent le sang. La jeune victime, en état d'ébriété, se reposait sur un lit, dans cette chambre. Profitant de son inconscience, des dizaines d'hommes se seraient alors succédés, au pas de la porte, pour la violer. Ils ont "fait la queue", comme l'énonce un suspect. La scène aurait même été filmée par le téléphone portable de l'un des agresseurs. "C'est choquant", a réagi Benyamin Nétanyahou. Il n'y a pas d'autre mot ! Ce n'est pas seulement un crime contre une jeune fille, mais contre l'humanité elle-même qui mérite toute notre condamnation. Il faut que les responsables soient traduits en justice".

Sur les réseaux sociaux également, la colère s'exprime à l'unisson. "Comment expliquer que toute une ribambelle d'hommes trouve normal de faire la queue pour violer une femme ?", s'est indignée une internaute. Un scandale qui rappelle une vérité d'Etat : en Israël, 260 femmes sont violées chaque jour, déplore à TV5 Monde Ilana Weizman, la fondatrice du groupe féministe HaStickeriot, qui lutte contre la culture du viol.

"Espérons que ce soit un électrochoc"

"Depuis hier après-midi, j'ai essayé, et n'ai pas réussi, à comprendre : qu'est-ce qu'un homme qui se tient dans une file d'attente bondée avec des dizaines d'autres, devant une chambre où une jeune fille désorientée est allongée, essaie de prouver ?", s'est encore exprimé le vice-Premier ministre Benny Gantz. Une stupeur nationale.

Le président israélien Reuven Rivlin, lui, a rappelé que "les agressions sexuelles, le viol, l'exploitation sexuelle, les violences sexuelles [étaient] des taches indélébiles qui détruisent la société et nous rendent misérables". Un discours qui suscite la perplexité d'Ilana Weizman. Comme le narre Libération, la militante s'étonne que les politiciens "ne réagissent que lors d'affaires très trash alors qu'il y a un vrai travail de fond à faire".

"Espérons que ce soit un électrochoc", poursuit l'activiste féministe. C'est en tout cas dans les rues que les secousses se ressentent. Des manifestations ont éclaté dans tout le pays afin de réclamer justice et dénoncer la culture du viol prégnante dans le pays. Une indignation légitime. Comme nous le rappelle le journal Times of Israel, évoquant le rapport de l'Association of Rape Crisis Centers in Israel, 9 affaires de viol sur 10 sont classées sans suite en Israël, et ce alors que les plaintes pour harcèlement sexuel ont augmenté de 40 % en cinq ans. Parmi ces affaires, l'on observerait une augmentation des cas de viols collectifs, précise encore le quotidien.

Aujourd'hui, c'est la situation de la jeune victime de 16 ans qui inquiète. Alors que des précisions sont encore attendues quant au profil des suspects, les autorités ont déjà procédé à l'arrestation de deux d'entre eux. Une enquête est en cours.