Peser les écoliers après le confinement ? Jameela Jamil dénonce cette idée affligeante

Publié le Jeudi 13 Août 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Le coup de gueule nécessaire de l'actrice Jameela Jamil.
Le coup de gueule nécessaire de l'actrice Jameela Jamil.
Peser les écoliers à la rentrée prochaine afin de contrer "l'effet-confinement" ? Cette idée soumise dans une émission britannique est des plus curieuses. Voire même carrément affligeante, dénonce la comédienne britannique Jameela Jamil. Coup de gueule.
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On a l'habitude des débats et sondages d'opinion télévisuels plus ou moins pertinents, mais celui de l'émission "Jeremy Vine on 5" - présentée par Jeremy Vine sur la chaîne britannique Channel 5 - ne manque pas de sel. Voici ce qui fait cogiter l'animateur : les écoles devraient-elles peser dès la rentrée prochaine leurs élèves afin de constater si - oui ou non - ils ont pris du poids durant le confinement ? Derrière le point d'interrogation, une idée claire : faire en sorte qu'ils perdent les "kilos en trop" et les sensibiliser au phénomène de l'obésité infantile.

Bien sûr, l'interrogation est polémique. Le compte Twitter de l'émission précise d'ailleurs que cela pourrait engendrer "toute une génération de compteurs de calories". Et c'est précisément cela qui inquiète Jameela Jamil. Lors de ses interventions bien souvent médiatisées, la comédienne et militante féministe aime à dénoncer les travers des régimes et autres protocoles soi-disant "healthy" sur le corps et l'esprit des femmes - et des enfants. On se souvient à ce titre de sa charge (légitime) contre les thés détox pour femmes enceintes.

On s'en doute, ce débat-là ne pouvait que la faire réagir. Et ça n'a pas manqué : sur Twitter, l'artiste rappelle "qu'être pesée à l'école" est ce qui déclenché les troubles de l'alimentation qu'elle a pu éprouver "dès l'âge de douze ans". En se dévoilant ainsi, la comédienne désire éveiller les consciences quant à cette surveillance précoce du poids largement alimentée par la société, des publicités aux discours médiatiques. "Enseignez simplement aux enfants la nutrition et arrêtez de leur servir de la merde au déjeuner !", précise encore la comédienne.

Un joli tacle abondamment salué.

"C'est du harcèlement moral"

Car sur la Toile, nombreuses sont les voix anonymes à soutenir la sienne. Imposer aux enfants du Royaume-Uni une "pesée" post-confinement ? "Non, c'est du harcèlement moral", prévient une internaute. "En tant que mère d'un enfant sujet à un trouble de l'alimentation, c'est un gros NON de ma part !!!", rétorque une autre sur le même ton. Et une autre twitta d'appuyer ces propos : "Ma fille a 8 ans mais elle craint déjà d'être trop petite et trop mince. La peser à l'école pourrait causer de graves problèmes". Alertant sur les effets néfastes d'une telle initiative dès le plus jeune âge, une spectatrice préconise plutôt "l'exercice et les collations saines".

Et pourtant, c'est un appel du Forum national sur l'obésité qui amène sur un plateau cette proposition dite éducative mais qui, pour beaucoup, semble absolument contre-productive. Sur le plateau, le journaliste Martin Daubney ajoute même que "l'obésité tue plus que le tabagisme au Royaume-Uni". Mais les soutiens de Jameela Jamil ne manquent pas de répondant. Une spectatrice épouvantée témoigne : "Cela me donne envie de crier et de casser des trucs ! Enseignez aux enfants et aux familles la cuisine et l'éducation physique afin qu'ils puissent faire des choix éclairés et plein de compréhension. Ne les gavez pas avec la culture toxique du régime !".

"De plus, gérer l'obésité ou la malnutrition infantile est bien plus compliqué que de simplement peser les enfants à l'école. Vous devez également vous attaquer aux problèmes socio-économiques, émotionnels et psychologiques, sans parler de la malnutrition", poursuit cette anonyme érudite. On ne pourrait mieux dire. Rappelons que l'an dernier, la célèbre marque Weight Watchers lançait une application "régime" pour les enfants, dans la même optique. Une idée qui avait suscité une salutaire tribune de la newsletter Les Petites Glorieuses. "Il semblerait que nous vivions dans une société où il est normal de policer les corps des enfants", pouvait-on y lire.

CQFD ?