Vers une loi pour faire cesser "la maltraitance des femmes de ménage" ?

Publié le Mardi 26 Mai 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Vers une loi pour faire cesser "la maltraitance des femmes de ménage" ?
Vers une loi pour faire cesser "la maltraitance des femmes de ménage" ?
François Ruffin, député de la Somme (LFI), proposera une loi ce mercredi 27 mai visant à améliorer durablement les conditions de travail des femmes et des hommes de ménage, qu'il compare à de la "maltraitance".
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Lundi 25 mai, au micro de France Bleu Picardie, François Ruffin a appelé à faire cesser "la maltraitance des femmes de ménage". Des emplois extrêmement précaires, que la crise sanitaire n'a pas épargnés, déplore l'élu. Le député a ainsi rédigé trois nouveaux articles qui viendraient, si adoptés par l'Assemblée nationale, compléter le Code du Travail.

Il souhaite notamment mettre en place un système d'heures surpayées lorsqu'elles sont réalisées tôt le matin et tard le soir, et donner aux agent·e·s d'entretien les mêmes droits que les salarié·e·s des entreprises qu'ils et elles nettoient. "Pourquoi ? Afin d'éviter les horaires décalés, et que 'les femmes et les hommes qui nettoient' soient intégrés au collectif de travail, non plus 'invisibles', que les entreprises soient incitées à leur confier des plein‑temps en journée, et non plus des mini‑missions", détaille-t-il.

Face aux interventions d'Emmanuel Macron concernant les personnels en première ligne, il dénonce l'absence de plan durable. "On n'est pas des managers de chez McDo qui donnons des primes aux meilleurs collaborateurs du pays. Il s'agit d'améliorer dans la durée les conditions de travail des agents d'entretien", lance-t-il.

Il évoque la femme de ménage qui l'a interpellé il y a peu sur sa situation : "[Elle] se lève à 5 heures du matin et prend deux bus d'affilée. Elle a un petit contrat de 6 heures à 9 heures et elle reprend le soir de 16h30 à 19h30. Elle rentre chez elle, il est 20h30. La journée est centrée autour des transports et du travail. Pourtant, cette journée n'aboutit à même pas le Smic à la fin du mois !"

Un constat qu'il élargit à d'autres métiers : "Je mène un combat contre le travail découpé, en tranche, des femmes de ménage, mais aussi d'autres métiers, comme les auxiliaires de vie sociale", poursuit François Ruffin. "Comment on fait pour qu'il n'y ait pas 3 heures le matin et 3 heures le soir avec une énorme amplitude horaire ?"

Amorcer un virage social

L'élu s'avoue cependant conscient du peu de chance qu'a sa proposition de loi soit adoptée ("elles ne le sont jamais (les propositions de loi de LFI, ndrl) par La République en marche", estime-t-il). Mais affirme que le but est davantage d'alerter sur les conditions de travail de ces femmes et de ces hommes, pour mettre la majorité face à ses responsabilités. "Le président de la République nous rappelle la Déclaration des droits de l'homme et nous dit : les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Je leur ouvre la porte, en leur demandant ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce qu'ils vont proposer ?"

Lors de son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron avait lancé : "Il nous faudra nous rappeler que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal". Alors, à quand des mesures concrètes ?

Mise à jour du 28 mai 2020 : Mercredi 27 mai, François Ruffin a voté contre sa propre loi. Il affirme la version de sa proposition, adoptée par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée ce mercredi, a été dénaturée par la majorité LREM.