La version live de "La Petite Sirène" nous parlera... de consentement

Publié le Jeudi 06 Avril 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Objet de haine (absurde) sur les réseaux sociaux, l'adaptation en live action du classique Disney "La petite sirène" abordera le sujet du consentement à travers l'une de ses mythiques chansons...
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De l'éducation à la sexualité dans un Disney ? Et pourquoi pas ? En tête des compositions musicales qui ponctueront l'adaptation live du classique La petite sirène, le musicien Alan Menken a révélé que certaines paroles des chansons avaient été modifiées afin d'y inclure une notion cruciale : le consentement.

Ambition étonnante mais pas moins pertinente pour cette transposition en "live action", c'est à dire en prises de vue réelles, du long métrage d'animation de 1989. Mais comment cela se traduit-il à l'écran ? Simple : ce sont les paroles de la chanson 'Embrasse-la', joyeusement entonnée par le crabe Sebastian à l'adresse du prince Éric (et par Henri Salvador dans la mythique VF), qui se sont vues quelque peu réécrites - actualisées.

On se rappelle effectivement des lignes incriminées : "Décide-toi mon garçon et n'attend pas demain / Elle ne dit pas un mot / Elle ne dira pas un mot avant d'être embrassée". Or, ces assertions sont jugées quelque peu déplacées, puisque bien trop troubles et ambiguës, pour un film familial de 2023.

Lisons le compositeur Alan Menken à ce sujet, dans les pages de Variety : "Il y a eu quelques changements concernant la chanson "Kiss the Girl" car les gens sont devenus très préoccupés par l'idée que Prince Eric pourrait s'imposer de quelque manière que ce soit à Ariel". Faut-il vraiment s'en plaindre ?

Le consentement, encore trop incompris

Rien n'est moins sûr. Le consentement est une notion importante, et qui tend à être mise en avant dès le plus jeune âge. C'est une question de sensibilisation, et d'éducation : d'éveil en somme. L'idéal pour un divertissement destiné au plus grand nombre. L'enjeu est moins anodin qu'il n'y parait. Ce n'est pas pour rien si plusieurs associations dont le Sidaction alertaient en mars dernier l'Etat afin de lui rappeler la nécessité de l'éducation à la sexualité à l'école.

Et pour cause : lors de la dernière rentrée scolaire, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes s'inquiétait de la montée des violences sexistes et sexuelles chez les jeunes et celle de la culture du viol dans les cours de récré : la notion de consentement serait incomprise, un "non" serait encore pris pour un "oui" dans la cour de récré, un jeune sur quatre déclare en outre avoir déjà eu "des rapports sexuels non consentis"...

Mettre en évidence la notion de consentement ne semble donc pas à côté de la plaque, d'autant plus dans un film familial aussi populaire que La petite sirène. Un projet qui n'en est pas à son premier éclat. Dès l'annonce du choix de l'actrice afro-américaine Halle Bailey dans le rôle-titre, une foule de détracteurs avaient déploré le manque de ressemblance avec le personnage d'origine - blanche aux cheveux roux dans le dessin animé - et n'avaient pas manquer de décocher des commentaires au ras des pâquerettes...