"Les lesbiennes noires c'est comme le clitoris" : cette humoriste rhabille les lesbophobes pour l'hiver et c'est une masterclass© @Marina_Viguier, capture d'écran du spectacle sur francetv
Tanhee s'en prend aux haineux anti-lesbiennes au gré de ses saillies humoristiques bien senties. Francetv dédie tout un espace à la stand uppeuse et c'est jubilatoire.
On connaît et on affectionne la prose piquante de cette humoriste queer qui ose poser des mots sur ce que l'humour hexagonal n'aborde jamais. A savoir ? Les lesbiennes, dans un premier temps. Car on vous met au challenge de citer plusieurs stand upers gays ou lesbiens qui évoluent sur la scène française. En terme de femmes qui aiment les femmes, c'est morne plaine. Bon courage.
Et donc dans son spectacle Tahnee, l'autre, à découvrir sur le site de francetv gratuitement (il vous suffit de vous connecter ou de vous inscrire à la plateforme, merci le service public), la jeune femme tourne en dérision la lesbophobie ordinaire. A savoir, la façon dont les femmes lesbiennes sont stigmatisées, et victime de violences allant des clichés balourds aux agressions innommables. Ou trop peu nommées.
Haine anti-lesbiennes qu'elle évoque. Mais non sans dérision, elle se décrit aussi avec humour en se comparant... Au clito. Oui. On vous raconte.
Tahnee bouscule les réacs et c'est d'une drôlerie délectable.
On l'écoute sur scène dans ce spectacle sororal : "Dans le train j'étais avec ma meuf et on sentait bien que la dame qui nous regardait se demandait : Ce sont des soeurs ? Hum, ce sont de bonnes copines ? Juste parce qu'on a les cheveux bouclés et qu'on est métisses, les gens pensent qu'on se ressemble. Il faut dire que les lesbiennes noires c'est rare. On est comme le clitoris."
Développant avec une verve assumée : "Comme le clito ou le consentement, on est pas très connu, mais on existe ! Et oui !"
Lesbienne ? On s'en fout ! Diront les haters. Et bien non, on ne s'en fout pas. Lucie Castets : "C’est d’une très grande violence ces gens qui disent “on s’en fout”... Le simple fait de le clamer est le signe qu’ils ne s’en foutent pas vraiment ! Un coming out, ce n’est pas de la publicité, ça apporte plutôt de l’hostilité qu’autre chose"
Réparties et boutades qui claquent ponctuent ce show insolent et féministe. Nécessaire quand on constate que la scène de l'humour en France est si peu inclusive. Quand citer des femmes humoristes est pour "monsieur tout le monde" un exploit, on imagine que citer des femmes lesbiennes qui font de l'humour l'est encore plus. Relire Alice Coffin à ce sujet. Plume des plus pertinentes dès que l'on parle de lesbiannisme. Et donc, on veut mettre l'accent sur ces mots d'Alice Coffin à Terrafemina sur le fameux débat "lesbienne ? on s'en moque, c'est privé" : "Comment dénoncer les problématiques si on refuse de les voir et de les nommer ?"
"C'est ne pas reconnaître qu'elles existent sous couvert d'un "on s'en fout". Il y a un déni général. C'est comme si les médias ne souhaitaient même pas commencer à en parler. Le mot "lesbienne" a en lui une autre résonance et met en panique les hommes. Il est davantage interprété comme un défi au masculin. Et ça, ça m'intéresse ! Le rejet de ce mot en dit long sur sa force"
A juste titre oui.
"Tahnee raconte son récit de femme métisse, originaire de Normandie, qui débarque à Paris et se découvre lesbienne. Elle parle aussi de son rapport à ses cheveux afro, de ses premières soirées à draguer des filles, en passant par ses tentatives de coming-out, ses réflexions sur le genre, le féminisme, l'importance des représentations et des modèles", détaillent nos confrères de Ouest France.
Bravo les lesbiennes.
Et bravo à Tahnee qui fait rager les chips les moins croustillantes du paquet sur les réseaux sociaux.