Un baiser lesbien pour contrer la haine de La Manif pour tous à Toulouse

Publié le Mercredi 14 Octobre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Ils·elles étaient des milliers à défiler en France contre la PMA pour toutes, samedi 10 octobre. Pour montrer leur opposition à La Manif pour tous, plusieurs couples LGBTQ+ ont exposé leur amour. Dont deux lesbiennes, à Toulouse, lors d'un baiser mémorable.
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Le collectif Marchons Enfants, qui rassemble 22 associations dont La Manif pour tous, organisait ce samedi 10 octobre une mobilisation nationale pour protester contre la loi bioéthique et la PMA pour toutes, l'examen du texte ayant lieu devant le Sénat ce lundi 12 octobre.

A Nice, Annecy, Grenoble, Versailles, Paris, des centaines de personnes se sont retrouvées sous les bannières "liberté, égalité, paternité" pour, c'est ce qu'on pouvait y entendre, "défendre les droits de l'enfant", et s'opposer à ce qu'ils·elles interprètent comme la création de "générations d'orphelins de père".

En face, des contre-manifestations se sont mises place. Des personnes venues témoigner leur soutien à la communauté LGBTQ+, largement visée par les propos de l'association depuis 2012 et ses nombreuses actions anti-mariage gay. A Grenoble par exemple, on lisait sur une banderole noire "On veut des donneurs de sperme, pas de leçons" ou encore "Ni dieu, ni maître, ni mari".

Et puis, il y a eu l'amour pour répondre à la haine.

"Un baiser en signe de contestation"

Dans les rues de Toulouse, même disposition que dans les Alpes : les anti-PMA défilent - Robert Ménard, le maire de Béziers (LR), en tête de cortège - et les défenseur·se·s de la cause LGBTQ+ s'indignent, notamment soutenues par Act Up, le Npa et l'ultra-gauche, rapporte le Midi Libre.

Au milieu des cris et des bombes lacrymogènes lancées par les policiers, deux femmes s'embrassent, ignorant les deux militant·e·s anti-PMA qui agitent leurs drapeaux verts à quelques centimètres d'elles, visiblement remonté·e·s. "La scène est particulièrement émouvante", témoigne Martin Lombach, journaliste pour Radio Occitania, auprès de Têtu. "[Elles] font abstraction des hurlements autour d'elles et s'embrassent en fermant les yeux. Leur baiser dure une bonne minute. Il est incroyable car elles n'avaient pas besoin de faire un discours : on voyait que leur amour est sincère et simple".

L'image, immortalisée par le reporter, fait rapidement le tour des réseaux sociaux, et émeut les internautes : "Magnifique" ; "il faut absolument retrouver ces filles, cette photo est extraordinaire", peut-on lire.

Un acte qui ne reste pas isolé. A Paris aussi, deux hommes ont tenté d'échanger un baiser devant les sympathisant·e·s de La Manif pour tous installé·e·s place Vendôme (8e arrondissement). Sauf que dans la capitale, l'événement prend une toute autre tournure.

A Paris, deux hommes qui s'embrassent sont exfiltrés

Il a d'abord été dit que des policiers les avaient "expulsés" pour "trouble à l'ordre public". En réalité, les deux hommes, interrogés par CheckNews, apportent une autre version. Ils s'appellent Alexandre et Richard et sont membre du mouvement écologiste Extinction Rebellion, habitués aux actions visuelles et aux face-à-face avec la police, explique le média. Ce jour-là, ils décident de se faufiler près du podium de la manifestation pour échanger un baiser symbolique.

"On a à peine eu le temps de commencer à s'embrasser que le service d'ordre nous est tombé dessus. J'ai été mis au sol, la personne qui filmait aussi", raconte Richard, dont les propos sont appuyés par une vidéo publiée sur sa page Facebook. "Alexandre était plaqué au sol par un membre du service d'ordre, il essayait de l'étrangler, alors je l'ai frappé. La police est arrivée pour nous séparer. En vrai, ils nous ont sauvé la vie et je dis pas ça souvent au sujet des flics... Ils nous ont exfiltrés et protégés du service d'ordre."

Les policiers les auraient même lâchés pour qu'ils s'embrassent à nouveau, avant d'attacher les mains de Richard avec le Serflex (lien en plastique), qu'ils enlèveront cinq minutes plus tard, une fois à l'écart. "Ils avaient vu que je venais de taper un mec du service d'ordre", justifie le jeune homme.

Pour les organisateur·ice·s de La Manif pour tous, le baiser ne serait pas le problème, mais le fait que les militants aient essayé de monter sur le podium. Une accusation que Richard réfute fermement, la vidéo prouvant encore une fois ses dires.

Une chose est sûre, ces initiatives resteront dans les mémoires.