Le concert de Mariah Carey en Arabie saoudite provoque une vague d'indignation

Publié le Lundi 28 Janvier 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
La chanteuse Mariah Carey se produira le 31 janvier en Arabie saoudite. Au même moment où des militantes des droits des femmes sont emprionnées. Dans un pays où les femmes sont considérées comme mineures, cela ne passe pas pour les militantes.
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L'argent n'a pas d'odeur ? Mariah Carey sera en concert ce 31 janvier en Arabie saoudite. Sauf que de nombreu·ses défenseurs et defenseuses des droits humains ne l'entendent pas du tout de cette oreille et demande à la chanteuse américaine d'annuler cette performance.

Cet événement est organisé à l'occasion du tournoi de golf Saudi International qui aura lieu dans la Ville économique du roi Abdallah au nord de La Mecque dans l'ouest du pays. C'est la première fois que l'interprète d'All I Want for Chrismas is You se produira dans le royaume.

Mariah Carey ne sera pas la seule artiste à se produire en Arabie saoudite à l'occasion de ce tournoi de golf. On comptera également le DJ néerlandais Tiësto, le Jamaïcain Sean Paul et la chanteuse émiratie Balqees Fathi.

Il en coûtera de 65 euros à 466 euros aux personnes souhaitant assister au show de 1h15.

Sauf qu'au même moment où Mariah Carey sera sur scène, des militantes des droits des femmes, pour la plupart précurseuses dans la lutte pour le droit de conduire, seront encore en prison.


Il est aussi avéré que certaines d'entre elles, comme Loujain al-Hathloul, ont été torturées.

De nombreux·ses militants et militantes des droits humains appellent Marah Carey à annuler son concert, ou au moins à faire une annonce à leur sujet sur scène. De nombreux messages ont été partagés notamment sur Twitter avec le hashtag #BoycottSaudi.

La blogueuse et physicienne Omaima AlNajjar réfugiée en Italie a par exemple tweeté : "Tenez-vous aux côtés des femmes saoudiennes emprisonnées à l'isolement et torturées, abusées sexuellement pour leur activisme, pour leur campagne en faveur du droit de conduire. Mariah Carey, je vous en supplie, boycottez l'Arabie saoudite."

La propre soeur de l'une des prisonnières, Alia al-Hathloul, a lancé un message à la chanteuse via Twitter : "Salut Mariah Carey. N'oubliez pas, grâce à ma soeur Loujain Hathloul, vous pouvez vous produire en Arabie saoudite. J'aimerais qu'elle puisse assister à votre concert. Mais elle est enfermée derrière les barreaux parce qu'elle a essayé d'améliorer la condition des femmes. N'oubliez pas de la remercier sur scène."

La militante Mona Eltahawy tente d'informer la star américaine : "Chère Mariah Carey, j'ai entendu dire que vous aviez l'intention de vous produire en Arabie saoudite : savez-vous que des militantes des droits des femmes sont détenues sans inculpation depuis mai 2018 et torturées sur les ordres du Prince héritier Mohamed Bin Salman ?"

L'artiste saoudienne Ms Saffaa se demande si Mariah Carey est au courant des exactions commises envers les femmes du royaume : "Est-ce que Mariah Carey sait que l'Arabie saoudite emprisonne et torture les activistes ? Sait-elle que l'Arabie saoudite utilise le divertissement pour présenter de fausses réformes et pour détourner l'attention de leurs innombrables violations des droits humains ? Aidez-nous à inciter Mariah Carey à reconsidérer sa performance en Arabie saoudite. #BoycottSaudi"

D'autres internautes anonymes interpellent la chanteuse mais également à Tiësto et Sean Paul : "Les artistes sont censés aider à guérir et à refléter la positivité et le changement dans le monde. Pas aider les dirigeants corrompus à dissimuler leurs crimes. Honte à vous @tiesto @MariahCarey @duttypaul #BoycottSaudi"

"Toute personne qui pourrait potentiellement être soudoyée par le régime saoudien meurtrier qui emprisonne ceux qui demandent la liberté d'expression s'ils ne les tuent pas en premier. BOYCOTT !"

En décembre, ce sont le chanteur américain Enrique Iglesias, le DJ français David Guetta, Jason Derulo et les groupes Black Eyes Peas et One Republic qui s'étaient produit à l'occasion du E-Prix d'Ad Diriyah, déclenchant les mêmes condamnations.