Oluwatoyin Salau, activiste de Black Lives Matter, tuée après avoir dénoncé une agression sexuelle

Publié le Jeudi 18 Juin 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Oluwatoyin Salau, fière militante du mouvement Black Lives Matter.
Oluwatoyin Salau, fière militante du mouvement Black Lives Matter.
"Oluwatoyin Salau s'est battue pour les vies noires. Elle méritait d'être protégée, mais a été assassinée. Repose en paix". Sur la toile, activistes, artistes et célébrités rendent hommage à Oluwatoyin Salau, une jeune activiste du mouvement Black Lives Matter. Elle n'avait que dix-neuf ans. Et les circonstances de sa mort restent encore inconnues.
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"Oluwatoyin Salau s'est battue pour les vies noires. Elle méritait d'être protégée, mais a été assassinée. Repose en paix, reine". "Oluwatoyin Salau, ta vie comptait. Nous continuerons à lutter pour la protection des femmes et des filles noires avec la même conviction que la tienne". "Nous réclamons la justice pour elle. Dites son nom !". Sur les réseaux sociaux, des milliers d'internautes rendent hommage à Oluwatoyin Salau. Mais qui était-elle ?

Fervente militante du mouvement Black Lives Matter, Oluwatoyin Salau était avant tout une voix (révoltée), majeure au sein des luttes anti-racisme. Elle s'est battue pour que justice soit rendue envers Tony McDade, un homme transgenre afro-américain abattu par des policiers à Tallahassee (en Floride) le 29 mai dernier. Ces dernières semaines, elle s'était évidemment mobilisée lors des marches organisées à la mémoire de George Floyd.

Mais le 6 juin, Oluwatoyin Salau a disparu. Son corps a été retrouvé sans vie neuf jours plus tard, un samedi soir. Elle n'avait que dix-neuf ans. Comme le rappelle le New York Mag, son inquiétante disparition a fait suite à une série de tweets des plus alarmants. La jeune femme y expliquait avoir été agressée sexuellement par un homme inconnu. Et ce sans avoir pu bénéficier d'un grand recours de la part des forces de l'ordre, qui lui ont expliqué que les preuves étaient insuffisantes pour garantir une inculpation de l'agresseur, malgré son témoignage.

Sa disparition aurait eu lieu quelques heures seulement après cette suite de tweets. Aujourd'hui, la police de Tallahassee considère qu'elle a été assassinée.

"Dites son nom !"

Et en attendant d'en savoir plus, les hommages pleuvent sur la Toile, entre mots de célébrités engagées (tel ce "Repose en paix " signé Rosanna Arquette), représentations graphiques classieuses iconisant la jeune militante (comme cette belle affiche du compte Black Women Blue Print, ponctuée d'un puissant "Dites son nom !") et abondantes indignations anonymes. "Oluwatoyin Salau. Elle devrait encore être parmi nous. Morte à 19 ans, à putain de 19 ans ! C'est une tragédie. Dire que mon coeur est brisé serait un euphémisme. Nous méritons d'être protégées. Nous méritons plus", a réagi la comédienne afroaméricaine Rachel Pegram sur Twitter.

Quant à l'enquête ouverte suite à sa mort, elle est encore en cours. Un suspect de 49 ans aurait déjà été arrêté. Dans ses publications, Oluwatoyin Salau déclare avoir été agressée sexuellement dans une église, par "un homme de Dieu", ou quelqu'un se faisant passer pour tel. Fondatrice du Tallahassee Community Action Committee, Trish Brown déplore au New York Mag la mort tragique "d'une jeune femme noire, forte, puissante". De jeunes artistes honorent désormais son engagement, éternel, l'envisageant comme une source d'inspiration pour les luttes à venir : sur cette peinture d'Ashley Desireé la représentant, on peut ainsi lire "Je ne serai jamais brisée".

D'autres encore, comme le collectif militant Black Visions, voient en ce drame une manière de sensibiliser les citoyens américains, à l'heure où les foules s'amassent dans les rues pour dénoncer les violences à l'égard de la communauté noire. "Vous connaissez tous une Oluwatoyin Salau. Alors croyez-la, écoutez-la et protégez-la", nous dit-on. En évidence, un mot-clé, toujours le même : "Dites son nom". A bon entendeur.