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5 conseils pour survivre à des parents toxiques
Publié le 25 septembre 2020 à 19:27
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Certains parents usent de manipulation, de culpabilisation ou encore de dévalorisation sans scrupule. Et leurs enfants en subissent de lourdes conséquences sur leur construction personnelle. Voici comment s'en remettre.
Les parents toxiques du film "Kajillionaire" Les parents toxiques du film "Kajillionaire"© Focus Features
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C'est le thème abordé par le nouveau film de Miranda July, Kajillionaire. Dans le troisième long-métrage de la réalisatrice américaine, Old Dolio (Evan Rachel Wood) est élevée par des parents manipulateurs qui se servent de leur fille unique de 26 ans à des fins peu scrupuleuses. Robert (Richard Jenkins) et Theresa (Debra Winger) l'ont ainsi formée depuis petite à escroquer, arnaquer et voler, à chaque occasion. Une éducation traumatisante dont elle paye le prix fort à l'âge adulte.

S'il s'agit bien d'une fiction, les parents toxiques n'existent cependant pas que dans les films. Ils ne poussent certes pas toujours à enfreindre la loi, mais leurs réflexions ou actions font mal. Des critiques sur l'apparence, l'intelligence, l'ambition, qui mettent à mal la confiance en soi de l'enfant jusque dans sa vie d'adulte. En ressort le sentiment de ne jamais être assez, accompagné d'une culpabilisation sournoise dont mère ou père usent à l'excès.

La liste des comportements malveillants adoptés par certains est longue. Et l'emprise, redoutable. Heureusement, il existe aussi des façons de s'en sortir, de reprendre le contrôle ou du moins, de s'écarter de cette relation malsaine pour se bâtir un quotidien plus serein, paisible et rassurant. Les voici.

D'abord, définir "toxique" et prendre conscience des conséquences

Les parents toxiques utilisent des mécanismes ravageurs pour celui ou celle qui les subit de plein fouet. Julie Arcoulin, coach en développement personnel et autrice du bien nommé Survivre aux parents toxiques, les définit ainsi dans un article pour le HuffPost : "C'est un parent destructeur qui refuse, par les outils qu'il utilise, de laisser le droit à son enfant d'exister en tant que personne à part entière."

Ces outils, elle en évoque d'ailleurs plusieurs. La culpabilisation, le chantage affectif, la dévalorisation permanente. Et puis, la notion de "double contrainte" : le fait que, quoi que l'on fasse, ce sera mal. "La double contrainte a été reconnue comme étant de la torture mentale et peut rendre fou celui qui en est victime", écrit l'experte. "Le cerveau cherche désespérément une solution pour répondre à la demande et la victime aura beau essayer de répondre à la demande, rien ne sera satisfaisant".

Rebekah Tayebi, psychologue interrogée par GirlBoss, invite à se poser cette question : "Avez-vous l'impression de pouvoir respirer lorsque vous êtes en présence de vos parents ?" Et encourage : "Demandez-vous si vous vous sentez constamment étouffée lorsque vous êtes près d'eux, et si c'est parce que vous ne pouvez pas être vous-même ou si vous avez l'impression de vous plier en quatre pour leur faire plaisir."

Les dommages sont multiples, et peuvent se révéler particulièrement néfastes. Par exemple, en empêchant l'enfant (puis l'adulte) de réussir à exprimer ses émotions, de se construire une image de soi positive et les poussant parfois à reproduire ce schéma de relation nocive avec un·e partenaire amoureux·se plus tard. Mais on peut agir.

Instaurer des limites
La culpabilisation, la dévalorisation, le chantage affectif, sont des comportements de parents toxiques. © Adobe Stock

Il peut être difficile d'apprendre à établir - et encore plus à maintenir sur le long terme - des limites fermes autour des agissements de vos parents si cela n'a jamais été fait auparavant. Mais c'est une étape importante pour préserver votre santé émotionnelle et mentale dans un environnement familial toxique. La thérapeute Heidi McBain conseille à Bustle de commencer par des "petites" limites, que vous glisserez dans des situations quotidiennes.

Par exemple, si leur comportement intrusif s'immisce jusqu'au bureau et vire à la culpabilisation ou au chantage affectif quand vous les confrontez, formulez avec assurance : "Je ne peux pas parler au téléphone pendant que je suis au travail". Une phrase claire qui vous permettra de reprendre le contrôle, et peut préparer aussi le terrain pour de plus importantes déclarations, type "Je vais passer les vacances avec la famille de mon partenaire cette année".

Rebekah Tayebi incite aussi fortement à apprendre à dire "non". "Je pense que la partie la plus difficile pour les enfants qui grandissent dans un environnement toxique est qu'ils apprennent à s'abandonner pour être là pour leurs parents", estime la spécialiste. "Pour changer ce comportement, il est essentiel de faire un travail sur son moi intérieur." Et vous convaincre que vous n'avez pas tort de faire de la place pour vos émotions, vos envies et vos besoins.

Au-delà de les freiner eux, indiquer clairement ce que vous pouvez ou non leur donner vous aidera, vous aussi, à instaurer vos propres limites.

Enoncer des faits plutôt que justifier

A l'Express, la psychothérapeute Béatrice Voirin recommande d'être dans "la réponse plutôt que la réaction". Elle développe : "On agit par réaction quand on se sent agressé ou menacé émotionnellement. Si l'on reste dans la 'réaction' on reste dépendant de l'approbation de l'autre, le parent toxique, on lui donne un pouvoir considérable ! Mais si l'on répond simplement, on est conscient de nos émotions, on les respecte mais on ne les laisse pas nous mener à des actes impulsifs".

Plutôt que de chercher à se justifier, elle propose également d'énoncer des faits, d'évoquer les choses telles qu'on les ressent. Ne pas dire : "non ce n'est pas vrai, je ne suis pas méchante, je ne suis pas ingrate", mais affirmer : "Je suis quelqu'un qui vaut la peine, j'en suis aujourd'hui convaincue et me suis désormais débarrassée de cette image que tu m'as donnée de moi."

Se détacher
Se détacher de leur emprise, un parcours du combattant. © Adobe Stock

Peut-être le plus difficile. Prendre de la distance avec sa famille, d'autant plus quand la relation qui nous unit est douloureuse, complexe, intense - effraie. Psychology Today précise toutefois qu'il ne s'agit pas de couper les ponts : "Le détachement est un concept émotionnel et n'a rien à voir avec la proximité physique. Cela signifie ne pas réagir, ne pas prendre les choses personnellement et ne pas se sentir responsable des sentiments, des désirs et des besoins de quelqu'un d'autre."

Pour Béatrice Voirin, cela peut parfois revenir à "baisser les armes", mais pas n'importe comment. "Il y a une grande différence entre choisir de capituler devant ses parents parce qu'on a examiné toutes les alternatives et que l'on décide que l'on n'est pas prêt pour le combat et capituler automatiquement parce que l'on se sent faible. Effectuer ce choix signifie faire un pas vers une prise de conscience et du coup mettre à distance mécaniquement ses parents toxiques", assure l'experte.

Reconstruire son estime de soi

Enfin, l'heure est à la reconstruction, et notamment à celle de son estime de soi qui, comme le décrit Julie Arcoulin "a été complètement annihilée" par une relation malsaine. La coach en développement personnel donne quelques pistes pour y arriver : "Il est important de la restaurer en faisant des choses qui vous plaisent, en étant à l'écoute de vos besoins, en vous respectant".

Prendre du temps pour soi, accepter ses émotions, savoir qu'elles sont légitimes, valides - comme nos envies et nos projets - contribue à aller mieux, jour après jour. Et puis, c'est justement en solidifiant cette estime de soi que l'on réussira à, encore mieux, affronter celles et ceux qui l'ont affaiblie.

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