Le bonhomme de "Télérama" devient une femme dessinée par Pénélope Bagieu (et ça fait réagir)

Publié le Mercredi 23 Mars 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Le bonhomme de Télérama devient une femme dessinée par Pénélope Bagieu (et ça fait rager les rageux)
Le bonhomme de Télérama devient une femme dessinée par Pénélope Bagieu (et ça fait rager les rageux)
Après 72 ans de bons et loyaux services, Ulysse, le fameux petit bonhomme (triste ou joyeux, c'est selon) illustrant les critiques du magazine "Télérama" devient "Pénélope". Une création signée Pénélope Bagieu, et on s'en réjouit.
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Ulysse prend enfin sa retraite. Qui ça ? Ulysse, le petit bonhomme en noir et blanc qui illustre les critiques du magazine culturel Télérama, et dont l'attitude oscille de la grimace de dégoût au grand sourire lumineux - selon la qualité des oeuvres critiquées. Passé par la main de nombreux dessinateurs depuis 72 ans (!), le bonhomme est remplacé par "Pénélope", une création de la dessinatrice Pénélope Bagieu.

Le visage masculin - inventé en 1950 par "Omer" Boucquey, d'où le sobriquet "d'Ulysse" - laisse donc la place à un visage féminin. Ce n'est pas la première fois qu'un grand nom de la bande dessinée vient apporter sa touche. En 2011 déjà, Riad Sattouf remodelait Ulysse avec une volonté de lui conférer "un petit côté rebelle, Tintin mâtiné de rockabilly". Mais aujourd'hui, l'autrice des Culottées invente carrément un tout nouveau personnage, affichant diverses humeurs, un visage rond et un chignon. Et on s'en réjouit.

Un changement qui fait réagir

Hélas, tout le monde n'est pas de cet avis. "Les réactions sur la page Facebook de Télérama sont un condensé de misogynie et de transphobie, c'est aberrant", déplore une journaliste. Parmi ces commentaires, certains lecteurs menacent carrément de se désabonner au magazine.

D'autres écrivent, avec une ironie pas très implicite : "Et vous verrez que dans cinq ans Télérama aura une mascotte transgenre", "Elle n'est pas trop blanche, Pénélope ? Bon tant qu'elle est non binaire, ça passe". La journaliste Constance Vilanova conclue sur Twitter : "C'est hallucinant de voir à quel point féminiser une mascotte peut à se point déclencher de la haine. On a encore tellement de boulot. Pour un dessin...".

Mais fort heureusement, nombreux sont les retours positifs. Sur la page Instagram de Télérama par exemple, ils abondent : "Vivons avec notre temps !", "La révolution !", "Mais c'est génial !", J'aimais bien Ulysse... mais j'aimerai Pénélope !", "Longue vie à Pénélope !", se réjouissent à l'unisson lecteurs et lectrices. D'aucuns commentent en alignant les "T", autrement dit la forme de notation de Télérama. Pénélope semble être la bienvenue.

L'une des particularités de "Pénélope", ce sont ces yeux en forme de coeur, très cartoon, lorsque l'enthousiasme est au rendez-vous. "Quand on est amoureux dans une BD, on a toujours les yeux en forme de coeur", explique l'illustratrice à Télérama. Se prêter à cet exercice singulier de création ne fut pas si facile pour l'artiste. "Il faut être très lisible dans une toute petite taille, avec un nombre très réduit d'éléments pour y arriver : des yeux, un sourcil, un sourire - oublions le nez, peu expressif en général", détaille Pénélope Bagieu.