Des mannequins sous cellophane pour dénoncer l'hyper-sexualisation de la femme

Publié le Jeudi 21 Février 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Avec Fresh Meat, ces photographes veulent dénoncer l'hyper-sexualisation de la femme
Avec Fresh Meat, ces photographes veulent dénoncer l'hyper-sexualisation de la femme
Les clichés représentent des visages dans des barquettes en plastique sous cellophane, comme disposés dans un supermarché. Le projet "Fresh Meat", pour viande fraîche, veut dénoncer l'hyper-sexualisation de la femme.
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La Suédoise Julia SH et le Britannique Nic Sadler ne supportent plus l'image que l'on donne des femmes dans les médias, dans les publicités, ou de manière générale. Le duo d'artistes basé à Los Angeles photographie des modèles nues mais met toujours un point d'honneur à ne pas les sexualiser : "Nous n'avons aucun intérêt à dépeindre une beauté simple. C'est la raison pour laquelle nous évitons souvent les montages de beauté traditionnels, prenons en compte les hasards, les défauts ainsi que l'inconfort des postures que nous demandons à nos modèles", explique Julia SH, d'après Le Bonbon.

Pour leur nouveau projet, ils ont voulu créer une onde de choc. Puisque les choses ne bougeront certainement pas quand on le demande gentiment, autant mettre l'industrie face à ses actes avec poigne.

C'est ainsi qu'est née Fresh Meat ("Viande fraîche"), une série qui immortalise quatre jeunes mannequins, Adelina, Badwolfy, Miki Hamano et Eromomen, en plaçant leur visage derrière une couche de cellophane, comme dans les barquettes de steaks hachés ou d'émincé de poulet qu'on trouve au rayon viande du supermarché. Scotchée sur leur joue, une étiquette qui précise leur nom et indique le prix.

Les femmes sont maquillées de couleurs vives, leur bouche et leur nez écrasés contre le film plastique qui semble symboliser les diktats de beauté oppressants auxquels beaucoup sont confrontées.

La photographe indique à L'ADN que "la culture contemporaine vénère une représentation déformée et non durable de la beauté, et c'est cela qui engendre une pression extrême chez les femmes. En tant que photographes "spécialistes de la beauté", nous devons questionner auprès de nos clients le désir de se conformer aux tendances actuelles. Il est de notre responsabilité, en tant qu'artistes, d'attirer l'attention sur ces représentations absurdes".

Une attention nécessaire qui fait réagir, et c'est le but.