J'ai testé l'épilation au dentifrice

Publié le Mardi 20 Novembre 2018
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
L'épilation au dentifrice, ça marche ?
L'épilation au dentifrice, ça marche ?
Au lieu de continuer à commenter les tendances beauté incongrues d'Instagram, j'ai décidé de revêtir ma casquette de reporter et d'en faire l'expérience moi-même. Premier essai : la crème dépilatoire au dentifrice et au safran.
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Il n'y a pas journalisme plus gratifiant que le journalisme de terrain. Chercher l'info là où elle se cache plutôt que d'attendre qu'elle nous tombe entre les mains.

Alors, quand j'ai pris connaissance de cette étrange tendance colportée par l'influenceuse Madina Shrienzada, mon sang n'a fait qu'un tour. Et je suis partie en mission pour apporter la vérité aux lectrices : la pâte à base de dentifrice et de safran épile-t-elle VRAIMENT ?

Au départ, je l'avoue, mon entrain était mitigé. D'abord par la peur de brûler mon bras au troisième degré (il y a bien des dingues qui se font leur contouring au couteau de cuisine, tout phénomène beauté viral n'est clairement pas dénué de risques), ensuite parce que je doutais fortement de l'efficacité de l'astuce.

J'avais déjà entendu parlé des bienfaits asséchants du dentifrice, notamment quand on se tape un bouton en plein milieu du front, mais rien quant à ses vertus dépilatoires. Le safran, aussi, m'intriguait. A part pour rendre le verdâtre du Colgate à la chlorophylle que j'ai retrouvé dans un fond de tiroir moins dégueu, à quoi pouvait-il bien servir ?

Si l'on en croit Madina, la poudre orangée apaise tandis que la pâte à dents décolle les poils. Soit.

Après moult tergiversations d'une durée totale d'environ 30 secondes, je m'installe pour l'expérience dans le confort de mon palace de 18 m², que vous verrez par bribes grâce au cadrage inédit de mes clichés. Pareil pour mon pull bleu en mohair approximatif.

La préparation

Je commence par verser une dose conséquente de dentifrice dans un bol. J'ajoute une dose de safran - qui d'ailleurs, coûte la peau du cul (5,50 € pour 3 micro-doses chez Franprix, Jean-Michel vol consenti).

Je mélange ensuite le tout grâce à une petite spatule qui sert aussi à appliquer la crème décolorante sur ma moustache. La mixture est facile à obtenir et en trois tours de bol, j'obtiens la pâte recherchée.

La mixture pré-mélange.
La mixture pré-mélange.

L'application

Comme je l'ai si bien indiqué dans mon intertitre, je passe ensuite à l'application de la texture sur mon avant-bras. Une zone choisie avec soin pour permettre une documentation et un accès facile - et surtout il fait moins quinze degrés donc enlever mes collants n'était pas une option.

Je recouvre une petite partie seulement, histoire de ne pas non plus me retrouver avec un plâtre gluant sur tout le radius. La texture est fraîche (sûrement grâce à la tonne de chlorophylle présente) et agréable. Je n'ai pas l'air de contracter une quelconque allergie, ni de brûlures. Ouf.

L'application.
L'application.

L'épilation

Après une petite demi-heure d'attente (j'en ai probablement trop mis), vient le temps d'épiler. Ou de "frotter dans le sens inverse des poils", comme l'explique Madina. Je vous le dis, je ne sais clairement pas ce qui m'attend à ce stade de l'expérience.

Car le dentifrice a bel et bien séché et ne forme pas une crème dépilatoire, mais une cire accrochée à mes poils comme une moule à son rocher. Je commence à faire des cercles sur la zone avec mes doigts, et je sens que ça tire de manière plutôt satisfaisante si on pense au résultat recherché, mais beaucoup moins si on se soucie de mon bien-être.

Si je devais qualifier la douleur, c'est un peu comme si je vivais une épilation sans le caractère immédiat et instantané de la bande. En bref, je déguste.

J'essuie ensuite à l'aide d'une serviette humidifiée, désormais verte et dégueu à son tour, toujours dans le sens inverse des poils.

A mon grand dam, je découvre qu'ils se sont regroupés en de petites boules de noeud qu'il faut désormais couper - ou arracher, pour obtenir un effet plus lisse. Courageuse comme pas deux, j'opte pour la seconde option. Et j'étouffe un couinement douloureux en découvrant un microscopique point de sang (ma première blessure de guerre).

L'après frottage et ses petites boules de poils. Et une autre pièce de mon appartement.
L'après frottage et ses petites boules de poils. Et une autre pièce de mon appartement.

Le verdict

Bon. Autant être claire, l'astuce ne casse pas trois pattes à un canard. Il y a bien quelques petits poils qui sont partis, mais la l'avant-après n'est pas vraiment flagrant.

C'est aussi extrêmement inégal : je me retrouve désormais avec un avant-bras mi-imberbe, mi-espagnol (les vraies savent). Et puis ça défonce quand même beaucoup trop pour le résultat.

Peut-être que Madina utilise un dentifrice spécial, peut-être que ses poils sont plus faciles à choper. Peut-être qu'en réalité, elle s'est cassée chez Body Minute entre deux scènes et nous a bien arnaquées nous, les abonnées crédules, avec son truc de grand-mère à 2 francs (ou 6,73 €, plus précisément).

Un avant-après ma foi peu convaincant pour la douleur et le temps.
Un avant-après ma foi peu convaincant pour la douleur et le temps.

Quoiqu'il en soit, à moins que vous ne passiez toute une soirée à vous frotter comme une forcenée, c'est tout bonnement impossible d'obtenir un résultat aussi nickel qu'elle le prétend.