Pourquoi je ne fête pas la Saint-Valentin alors que je suis en couple

Publié le Jeudi 14 Février 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Pourquoi je ne faites pas la Saint-Valentin
Pourquoi je ne faites pas la Saint-Valentin
Clichée, convenue, loin d'être romantique et j'en passe. Je vous explique pourquoi je n'ai jamais fêté la Saint-Valentin.
À lire aussi

Bon, vous allez me dire que je me complais dans l'anticonformisme. Alors que je ne possède pas de smartphone, je vais vous expliquer aujourd'hui pourquoi je ne fête pas la Saint-Valentin.

Alors, prenez votre Minitel. Nous allons nous connecter au site 3615MaVie.

Je suis en couple depuis 9 ans. Et pas une seule fois, nous n'avons fêté la Saint-Valentin. Ce fut décidé d'un commun accord dès la première année.

Pour lui, c'est simple : Noël ou le Nouvel an, si elles sont devenues des fêtes commerciales, étaient des fêtes bien avant que les supermarchés s'en emparent. Elles ont un sens profond. A contrario, la Saint-Valentin n'est qu'une étape mercantile entre la galette des rois et Pâques. Sur ce plan-là, nous sommes sur la même longueur d'onde.

Pas de pression entre nous deux, mais pression sociale de manière certaine, en tout cas pour mon compagnon. Il y a deux ans, pressé par une collègue très à cheval sur la tradition, j'ai dû lui faire un mot d'excuse (humoristique) pour qu'elle le lâche et arrête de lui dire : "Mais si tu DOIS offrir ou faire quelque chose à la Saint-Valentin pour ta copine".

Je me suis fendue d'un : "Je soussignée Marguerite Nebelsztein, dispense M. de tout cadeau ou restaurant pour la Saint-Valentin."

Et si vous n'avez pas encore intégré cette obligation sociale, les marques, les magasins, votre supermarché d'en bas, la pub par email (la centaine de communiqués de presse qu'une rédac parlant des femmes peut recevoir à ce sujet) sont là pour vous le rappeler de manière obsessionnelle.

La Saint-Valentin enferme dans les stéréotypes. L'homme, s'il est en couple hétérosexuel et qu'il n'offre pas de bouquet de fleurs à sa dulcinée, aura forcément tout raté des obligations qui sont faites à son genre.

C'est une tyrannie.

Un 14 février, alors que je rentrais du travail en vélo, je me suis amusée à prendre en photo les hommes faisant la queue à 19h dans les magasins de fleurs. Ce fameux cadeau de dernière minute imposé.

Si on poursuit le cliché, on trouvera un homme qui, s'il n'offre pas de bouquet, retrouvera au foyer une femme aigrie et déçue qu'il n'y ait point pensé. Ce bouquet étant pour certains une manière de se dédouaner une fois par an de toutes les choses qu'ils ne font pas le reste de l'année.

Parce que tout repose sur les épaules de l'homme. Une femme n'offrira que rarement un bouquet à une homme. De même, ce sera à lui de payer le resto.

Le bouquet de fleurs ou alternativement la boîte de chocolats ou le dîner au restaurant, représentent à eux trois les convenances et la mort de l'amour tant ils manquent d'originalité. Plutôt que d'avoir réfléchi vraiment à un cadeau, on coche une case convenue à l'avance.

Alors chez nous, pas de chocolat, pas de bouquets de fleurs arrosées de pesticides dans des serres surchauffées qui viennent du Kenya ou des Pays-Bas, mais des occasions tous les jours de se dire que l'on s'aime.

Et d'ailleurs, maintenant que vous poursuivez votre navigation sur 3615MaVie depuis quelque temps déjà, je vais vous avouer ce qui restera l'un des cadeaux les plus adorables en neuf ans de couple : une râpe.

Alors que nous étions un jeune couple en ménage depuis peu, je rêvais pour parfaire notre équipement de cuisine d'une râpe pour carottes. Un jour, il passe devant un stand au marché et m'en achète une.

Loin du cliché d'un homme qui offre un ustensile de cuisine à une femme (je vous vois venir), c'était parce qu'il avait pensé à moi et qu'il avait voulu me faire plaisir à l'improviste avec une petite chose.

Parce que l'amour, loin des grandes déclarations enflammées sous une pluie de cotillons en forme de coeur et des chutes du Niagara de chocolats écoeurants à la cerise, c'est aussi des preuves quotidiennes. Beaucoup plus difficiles qu'un simple bouquet annuel.

Se prouver que l'on s'aime, c'est aussi se soutenir dans les moments difficiles. Quand on en a "chier des ronds de serviettes" à deux et que l'on sort de cette tempête, croyez-moi, on est beaucoup plus forts après et on sait pourquoi on s'aime sans avoir besoin de s'offrir des fleurs.

Alors ce soir, faites quelque chose si vous en avez envie. Mais le 22 mai, le 18 août ou le 4 septembre aussi.