Société
La campagne de recrutement "décalée" du CHU de Poitiers accusée de sexisme
Publié le 17 juin 2022 à 10:43
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Au CHU de Poitiers, les temps changent, nos conditions de recrutement aussi". Pour sa nouvelle campagne, le CHU de Poitiers a opté pour le décalage. Mais a-t-il bien fait ?
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"Au CHU de Poitiers, les temps changent, nos conditions de recrutement aussi". Voilà ce que l'on peut lire à travers les affiches de la nouvelle campagne de recrutement du CHU de Poitiers, lancée le 13 juin. Le visuel ? Il est ouvertement rétro : une infirmière à l'uniforme vintage dialogue avec un médecin au look tout aussi ringard : "Regardez ! J'ai été recrutée directement en CDI", déclare l'infirmière, ce à quoi le médecin répond "Mais c'est super, Nicole !".

Au gré des autres visuels, la même imagerie revient : coiffures désuètes, uniformes d'infirmières kitsch, ironie ("J'aime travailler avec les techniques de pointe !", affirme un médecin, à la moustache tout droit sortie des années 70 sur l'une des affiches).

Le CHU de Poitiers a donc opté pour le décalage et le kitsch à travers sa campagne de recrutement, façon Message à caractère informatif. Mais a-t-il bien fait ? Des voix fustigent en retour une campagne "sexiste" voire "misogyne". C'est notamment le cas de Karine Rousseau-Cingal, secrétaire générale CGT au CHU de Poitiers. Du côté de France 3, celle-ci dénonce un ton déplacé et une imagerie "dégradante".

"Donner cette image-là, celle du grand médecin et de la petite infirmière dévouée, c'est dégradant", affirme la secrétaire générale. "En outre, signer un CDI ce n'est pas une victoire. On manque de personnel, on a des pédiatres qui s'en vont. On a des collègues qui sont obligés de séparer leurs congés de 15 jours ou trois semaines qui ne peuvent pas les passer avec leur famille parce qu'on est en sous effectif".

"Une approche au second degré"

Pour Karine Rousseau-Cingal, cette campagne pêcherait par son sexisme. Et elle n'est pas la seule à le penser. Vice-président du syndicat CNI 86 (Poitiers), Florent Lieveaux s'est également exprimé à ce sujet du côté de France 3 : "Pour nous, cette campagne publicitaire est une campagne sexiste, misogyne et rétrograde". Derrière ces critiques, une exigence prononcée par le syndicat de retirer cette campagne.

Une campagne originale qui divise cependant, surtout sur les réseaux sociaux. "CHU de Poitiers, j'imagine que vous n'avez pas pu faire, en 2022, une publicité aussi misogyne, rétrograde et insultante. J'espère que c'est un Fake car une telle affiche dégrade l'image de la profession ce qui contrevient à la déontologie", dénonce un internaute.

"Bonjour CHU de Poitiers, cette pub est profondément insultante (misogyne et rétrograde) pour les professionnels paramédicaux. En plus vous sous-entendez que vous ne recrutiez pas directement en CDI avant. En voulant combattre les clichés, vous les renforcez !", achève Vincent Lautard, infirmier et juriste.

De son côté, le CHU de Poitiers plaide le second degré.

"La campagne qui vient d'être lancée, avec une tonalité volontairement décalée, s'appuie sur des images d'un thème de roman photos qui renvoie explicitement aux années 60 et 70. Le décalage entre les mots et la photo invite le lecteur à une approche au second degré", argumente le directeur de la communication du CHU Stéphan Maret auprès de La Nouvelle République, dénonçant "les accusations qui assimileraient les illustrations utilisées à ce que sont l'hôpital public et la société aujourd'hui".

Le directeur de la communication rappelle que "l'essentiel reste bien les mesures prises par le CHU de Poitiers", à savoir "l'amélioration des conditions du personnel, la diminution substantielle des contrats à durée déterminée, l'accès plus rapide au statut de titulaire de la fonction publique hospitalière", comme le souligne La Nouvelle République.

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