Le ministre de l'Intérieur libanais demandent aux femmes de "cuisiner" : les citoyens répliquent

Publié le Mardi 17 Novembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Une réponse percutante de l'internaute libanais Elie Saliba.
Une réponse percutante de l'internaute libanais Elie Saliba.
Quand on lui parle de l'impossibilité de livrer de la nourriture en plein confinement, le ministre de l'Intérieur libanais répond simplement : "Que les femmes cuisinent donc !". Oui, la répartie est nulle, et oui, c'est la pépite sexiste du jour.
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On connaissait déjà le sexisme haut en couleurs de l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump et notamment sa dernière prescription, décochée à l'adresse des femmes des quartiers populaires américains : "Allez acheter un lave-vaisselle !". Une invective qui se passe de commentaires. Mais pourquoi se contenter du lave-vaisselle quand on peut faire référence au lieu-phare de toutes les réflexions sexistes ?

C'est ce qu'a du se demander Mohammed Fahmi, le ministre de l'Intérieur du Liban. Cet ancien général d'armée n'est pas forcément réputé pour sa délicatesse, comme le démontre sa dernière sortie publique, adressée aux citoyennes du pays : "que les femmes cuisinent donc !". Après le lave-vaisselle, la cuisine. Il fallait y penser.

Comme le relève le média canadien CTV News, cette invitation à la popote a été faite pour répondre à l'interdiction de livraison de nourriture durant le confinement libanais : vous ne pouvez pas commander de plat ? Laissez les femmes cuisiner ! Une plaisanterie bien lourde à l'heure où l'on dénombrerait pas moins de 100 000 cas de contamination au coronavirus au Liban. On s'en doute, cette "blagounette" n'est pas très bien passée.

Une répartie collective et cinglante

"Je cuisinerai avec plaisir le jour où ils ramasseront et recycleront les ordures", a taclé sans détour Carmen Geha sur Twitter. Professeure spécialisée en leadership et en solidarité, la militante ne goûte guère aux clichés archaïques du ministre de l'Intérieur. Et le fait sentir avec quelques mots-clés bien sentis : #Liban #patriarchie #losers. Tout aussi limpide est le commentaire percutant de la journaliste Dalal Mawad, qui voit en cette "blague" du politicien "un échantillon du niveau des discours des politiciens de ce pays". Ca fait mal.

D'autres voix perçoivent là un exemple flagrant "du sexisme des hommes au pouvoir qui pensent faire des plaisanteries pleines d'esprit". Et les réactions, nous apprend la journaliste engagée Zeina Khodr, de se poursuive de plus belle par le biais d'un hashtag viral : #Fahmi_challenge. Sous ce mot-clé, des publications d'hommes libanais publiant des selfies d'eux-mêmes coupant des légumes ou secouant des casseroles.

Pour bousculer la "virilité" mal placée du ministre de l'Intérieur, il n'y a pas mieux.

 

"La cuisine du dimanche matin cela n'a rien d'inhabituel. Toute personne ayant besoin d'un cours de cuisine est la bienvenue !", a plaisanté en ce sens un citoyen libanais, photographies à l'appui. "Je m'excuse, honorable ministre, mais aujourd'hui j'ai cuisiné pour mes fils", a poursuivi un autre homme anonyme sur Facebook. Sur Twitter, ce genre de publications gourmandes abondent et alignent les like. Et les bravos féminins.

D'autres citoyennes Libanaises, justement, incitent le ministre de l'Intérieur à faire de même. "Non [je ne ferais pas la cuisine], mais toi, fais-moi un sandwich !", lance avec humour une internaute. On valide.