On rapproche rarement les études. Pourtant, il serait intéressant de savoir si les 36% de femmes qui ont rapporté ne pas avoir eu d’orgasmes lors de leurs derniers rapports (rapport Kinsey, 2010), ou si les 71% de femmes qui n’ont pas toujours des orgasmes avec leurs partenaires (Kinsey,1994) ne les auraient pas eu justement parce que les rapports étaient trop courts ? Car une autre étude montre (Kinsey, 1996) que les femmes atteignent presque toujours l’orgasme lorsqu’elles se masturbent. C’est le plaisir qu’il y a à mêler son corps à celui de son partenaire qui rend le rapport à deux plus désirable que la masturbation solitaire. Tout comme les hommes d’ailleurs, ce qui tendrait à prouver – en passant – que les couples ont du mal à communiquer sur les façons dont ils aimeraient que les rapports aient lieu.
Pour Eric Corty et Jenay Guardini, de l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis), auteurs d’une étude récente sur cette fameuse durée idéale des coïts, cela dépend à la fois de la façon dont les partenaires envisagent leur sexualité propre et celle de leur partenaire, mais aussi des messages qu’envoie la société sur une supposée norme. Pour eux, les stéréotypes ont été renforcés ces dernières années, et nombreux sont les hommes et les femmes à rêver de grand pénis et de longues nuits d’amour.
C’est aussi le sentiment de Philippe Brenot, anthropologue et directeur des enseignements de sexologie et sexualité humaine à l’Université Paris Descartes, qui pense que nous avons régressé par manque d’éducation sexuelle, ce qui a pour conséquence, entre autres, de remplir les cabinets de sexologues de jeunes femmes se plaignant de ne pas avoir d’orgasmes. Le professeur Eric Corty pense que c’est l’éducation sexuelle qui peut seule rassurer (savoir que la durée de la pénétration – normale entre 3 et 13 minutes - est courte pour tout le monde est préférable à penser que cela ne concerne que son couple). Mais il faut quand même relever que c’est un homme qui parle et oublie de prendre en compte une variable importante pour les femmes : il y a souvent une différence de temps entre deux partenaires pour arriver à la jouissance, la femme étant celle qui, le plus souvent, a besoin d’un rapport plus long.
En effet, si les temps moyens pour arriver à la jouissance par la masturbation sont à peu près équivalents pour les hommes et les femmes (2 à 3 minutes pour les hommes, 4 pour les femmes), le coït marque un plus grand écart : entre 10 et 20 minutes pour les femmes, contre 3 minutes en moyenne pour les hommes (source Brown University, U.S.A.).
Comment conclure sur une situation a priori désespérante ou désespérée ? Un dialogue plus ouvert entre les partenaires, une première jouissance obtenue autrement (vibromasseurs, doigts du partenaire...), une jouissance obtenue à deux dans des conditions similaires à celles de la masturbation, ou un égoïsme pour une fois bienvenu sont parmi les multiples façons de faire en sorte qu’un problème continue inexorablement de venir avec sa solution.