Comment faire si vous ne partagez pas les mêmes fantasmes

Publié le Vendredi 17 Juillet 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Comment faire quand on ne partage pas les mêmes fantasmes ?
Comment faire quand on ne partage pas les mêmes fantasmes ?
Votre partenaire a quasiment eu un frisson de gêne quand vous avez osé mentionner ce qui vous excite en secret. Et maintenant, l'atmosphère est glaciale. Voici comment la réchauffer, en respectant vos envies à tous les deux.
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Voilà, vous avez dévoilé vos pensées les plus bouillantes et ce qui les déclenche. Faire l'amour attachée, dans un lieu public, à plusieurs, le BDSM, les jeux de rôle... Les possibilités sont infinies et surtout très personnelles. Tellement, que l'autre en face a des chances de ne pas s'y retrouver. Et d'ailleurs, c'est e cas. A l'annonce de votre fantasme, au lieu de l'étincelle dans le regard de l'autre, gros flop.

Pourtant vous étiez sûre de le·la chauffer avec votre envie de lui lécher les doigts de pied, et non. Il·elle a répondu un vague "euh, tu plaisantes ?" puis un plus franc type : "sans moi !". Et vous, vous avez ravalé votre fierté et plongé dans un océan de vexation. Vous êtes aussi un peu frustrée.

Compréhensible.

Pas facile de se prendre un (énorme) râteau par la personne en qui on a le plus confiance. Et aussi respecté soit son refus catégorique de prendre part à vos envies désormais avouées, l'échec vous fout un petit coup au moral. Et à votre complicité de couple. Maintenant, l'atmosphère est un peu tendue. Que faire ?

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Rassurez-vous : votre situation n'est pas isolée. On est des milliers à avoir morflé après ce genre de confidences sur l'oreiller. Le sentiment est d'autant plus confus qu'on s'en veut d'en vouloir (un peu) à l'autre de ne pas être sur la même longueur d'onde. Alors qu'on préfère le rappeler : c'est son droit, et aussi le principe même du consentement. S'il·elle ne veut pas, qu'il·elle hésite, a l'air mal à l'aise, quelle qu'en soit la raison, on s'arrête là. Hors de question de forcer la main, de culpabiliser, de se moquer.

Pour retrouver l'entente sexuelle d'antan, c'est pareil. On n'insiste pas auprès de notre partenaire mais on bosse plutôt sur notre acceptation personnelle du rejet et sur un terrain commun qui satisfera les deux parties. Explications.

S'accorder du temps pour avaler la pilule

"Honnêtement, c'est l'une de ces situations où un certain degré de gêne est inévitable", estime Vanessa Marin, sexothérapeute et contributrice pour Women's Health. Alors autant l'assumer. Et prendre un peu de temps pour encaisser l'échec qui - forcément - ne fait pas de bien à notre confiance en soi. L'experte conseille en ce sens de se "féliciter d'avoir eu le courage d'évoquer notre fantasme sexuel", puis de vivre toutes les émotions qui nous passent par la tête : gêne, malaise, rejet.

Elle insiste également sur l'importance de ne pas transformer ce différend en une culpabilisation qui deviendrait nocive. "Ce n'est pas parce que votre partenaire n'est pas d'accord avec votre idée en ce moment que cela signifie que le fantasme est mauvais ou que vous devez vous sentir coupable de l'avoir. Ne vous laissez pas abattre par le fantasme, surtout dans la chambre à coucher."

Et reprenez vite du poil de la bête : si votre relation est saine, ce n'est pas cet événement qui viendra l'entacher sur la durée.

Évoquer d'autres fantasmes

Une fois que la discussion est ouverte, cela peut aussi être l'occasion de "brainstormer" ensemble autour de ce qui nous excite ou non. De lancer des propositions, de voir ce qui prend chez l'autre, d'attendre ses suggestions et d'en faire un jeu savoureux - qui finira très certainement à poil.

"Créez un environnement où il est normal d'avoir des fantasmes et d'en parler - la dernière chose que vous voulez, c'est que cela devienne un sujet tabou ou hors limites", poursuit Vanessa Marin. "Pour évoquer une nouvelle envie, gardez une approche décontractée sans vous attarder sur la dernière fois (alias le fameux rejet, ndlr). Plus vous parlerez régulièrement de vos fantasmes, plus il sera facile de le glisser dans la conversation avant de vous coucher." Et donc de concrétiser dans la foulée, si tout le monde est partant...

Chercher un terrain d'entente

Le léchage d'orteils continue de vous trotter dans la tête, et vous n'arrivez pas à mettre votre désir de côté. L'experte avise de décortiquer l'origine du refus, et de mettre le doigt sur les raisons derrière le désintérêt : "N'était-il·elle pas encore prêt·e à le faire à ce moment-là ? Ou bien n'a-t-il·elle jamais été d'accord avec la pratique ? Une chose comme la strangulation érotique ou le bondage peut être une limite claire pour votre partenaire et vous devez respecter cela." Ça va de soi.

Elle explique qu'il est aussi judicieux de proposer des versions moins intenses, voire seulement quelques détails, qui lui conviendraient davantage : "Le scénario sexy que vous jouez dans votre tête comporte de nombreux éléments. Vous pouvez adapter certaines idées du fantasme à la réalité. Par exemple, si vous envisagez d'explorer le BDSM mais que votre partenaire se sent intimidé par la mise en place d'une scène de donjon avec des fouets, vous pouvez modifier cette idée en reprenant seulement quelques éléments de la pratique".

L'essentiel reste de savoir se confier, écouter l'autre et créer un espace "sûr" pour nos envies, communes ou non. Toujours s'assurer que l'on ne se plie pas à ses volontés, et inversement. Et si on ne réussit pas à trouver de terrain d'entente, on peut toujours faire marcher notre imagination en solo...