Vierge à 19 ans, elle veut qu'on arrête de la culpabiliser

Publié le Vendredi 21 Août 2020
Le HuffPost
Par Le HuffPost Média
Vierge à 19 ans, elle pousse un coup de gueule sur Twitter
Vierge à 19 ans, elle pousse un coup de gueule sur Twitter
Le tweet de cette jeune internaute a fait mouche : elle demande de la laisser assumer sa virginité, sans jugement. Un message rapidement devenu viral.
À lire aussi

"Je suis devenue une femme quand j'ai décidé d'en être une." C'est ainsi que se définit Erin, sur son compte Twitter. Pas besoin d'un rapport sexuel pour faire d'elle la personne qu'elle est aujourd'hui. À 19 ans, cette étudiante en a ras-le-bol d'être jugée en permanence.

La raison ? Elle est vierge, et si elle-même le vit très bien, ses amis et sa famille ne la comprennent pas. "Ils me répètent souvent qu'à mon âge, ce n'est pas normal de ne pas avoir eu de relations sexuelles", confie-t-elle au HuffPost. "Qu'il faudrait que je me dépêche, que je profite de ma jeunesse."

Une injonction au sexe que la jeune fille ne conçoit pas. "Je pars en voyage, je fais du sport avec mes amis, je vis ma meilleure vie ! Et je n'ai pas besoin d'avoir un mec et de coucher avec pour profiter."
Sans rapports sexuels ni relations sentimentales, Erin se considère femme. "Parfois, le matin, je me dis que je suis une femme et je suis fière de l'être. Pas parce que les autres l'ont décrété, mais parce que je me sens femme."
En Angleterre, des chercheuses de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont évalué, en 2019, la compétence sexuelle des adolescents lors de leur entrée dans la phase relationnelle de leur sexualité. Elles révèlent que 40% des jeunes femmes, et 25% des jeunes hommes auraient préféré attendre avant de faire leur première fois.

Un jugement constant

Mais la jeune femme se sent jugée en permanence. Alors qu'elle sort d'une relation amoureuse de plusieurs mois avec un homme qui s'est mal finie, et avec lequel elle avait convenu être en couple, ses amis ne le voient pas de cette manière. "Ils ne jugent pas légitime ma relation passée, car nous n'avons pas eu de rapports sexuels et que ça s'est mal passé. Pour eux, je n'ai jamais été en couple", soupire l'étudiante.

À 19 ans, Erin doit constamment se justifier. "C'est souvent exposé, mis sur la table, comme s'ils faisaient mon jugement. Arrêtez de me faire culpabiliser comme si j'avais raté quelque chose !", se sent-elle obligée de répondre.

Car c'est cela qui l'agace: lorsqu'elle "tient la chandelle" avec ses amis, ils lui expliquent à quel point être en couple est idéal. "Je me sens oppressée par ce jugement constant et injuste. On essaye de me reprocher d'être vierge alors qu'il n'y a pas de quoi. J'ai d'autres préoccupations dans la vie, alors qu'eux voient la relation de couple et/ou sexuelle comme une fin en soi, un but à atteindre."

Alors que dans d'autres pays, être vierge n'est pas considéré comme une tare. Au Japon par exemple, 43% des jeunes de 18 à 35 ans n'ont jamais fait l'amour selon le National Institute of Population and Social Security Research.

Entre "pute" et "coincée"


Alors, "fatiguée" de se répéter et de tourner en boucle, la jeune fille exprime son ras-le-bol dans plusieurs messages sur Twitter. "Il y a un rapport à la sexualité très tabou, mais aussi très médiatisé, surtout chez les femmes. On se met une pression incroyable par rapport à ça, on met en avant certains atouts physiques pour plaire à tout prix, regrette Erin. Quand on arrive à 14-15 ans, on veut se presser de faire les choses, 'comme les grands'."

Rapidement aimés et partagés par des milliers de fois, ses tweets permettent aux internautes de s'exprimer sur le sujet. "Certaines personnes m'ont dit que, lorsqu'elles ont fait leur première fois à 15 ans, on les a traitées de putes. Mais pour celles qui étaient encore vierges à la fin du lycée, on disait d'elles qu'elles étaient coincées !"

Une sexualité mise en lumière en permanence, surtout chez les jeunes, où l'image projetée est très importante. En 2015, une enquête de l'institut Ipsos pour la Fondation Pfizer, dévoilée par Le Parisien, révélait que 24% des adolescents déclarent avoir eu leur premier rapport sexuel "parce que c'est quelque chose qu'il faut avoir fait à cet âge-là", et 14% "pour ne pas être en retard par rapport aux amis."

Lire la suite sur le HuffPost